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Rubrique Point_Virgule

MAK : mal absolu de la Kabylie !

D’emblée, une précision : le chroniqueur est algérien par obsession et berbère koutami par entêtement, pour reprendre une formule d’un autre Algérien et Amazigh, le bien-nommé Mohand Saïd Fellag. Et, cerise de l’affection concitoyenne, le même gazetier est kabylophile depuis sa tendre enfance entre Soustara et Bir Djebbah dans La Casbah algéroise, terre d’implantation urbaine, de créativité culturelle, de sacrifice patriotique et de générosité humaine d’une chaîne sans fin d’enfants du Djurdjura, de la Soummam et des Babors. Le courriériste est en même temps adepte de la sentence coranique énonçant que «toute âme n’est redevable que de ses actes, et que nul n’a vocation à porter le fardeau des péchés des autres» (sourate 6, verset 164). Le relateur du «Point-virgule» est donc tranquille pour dire des mots apaisés sur un plateau en métal chaud, pour paraphraser «la chatte sur un toit brûlant» de la célèbre pièce théâtrale de Tennessee Williams. Des mots froids dans un débat toujours ardent quand il existe, mais généralement impossible quand il s’agit de la Kabylie. Notamment à la lumière de l’actualité tragique de ces derniers jours. Un débat qui, dès l’entame, provoque souvent un déluge de noms d’oiseaux, une pluie d’étrons et des averses de mucosités ! 
Dans ces mêmes colonnes, et récemment, le narrateur avait présenté la Kabylie en creuset du patriotisme et socle de l’unité nationale. Soulignant à quel point le pays lui était redevable en termes de luttes cumulatives pour l'indépendance nationale, l'identité algérienne, les droits de l'Homme, l'idéal démocratique, la lutte syndicale, la pérennité de l’islam fédérateur et l'émancipation culturelle collective. Aussi, s’insurge-t-il vigoureusement contre toute forme tendant à voir la Kabylie avec l’œil de l’essentialisme réducteur parce que généralisateur et diviseur. De même qu’il rejette les appels incongrus à nos compatriotes kabyles pour s’excuser de crimes qu’ils n’ont pas commis eux-mêmes et qui ont été perpétrés par des monstres ignominieux soutenus par des complices actifs ou passifs. Complices en posture de voyeurs morbides et de vidéastes du crime en position de non-assistance à personne en danger de mort !  
Cela dit, la Kabylie et sa diaspora, et l’Algérie tout entière, attendent cependant que les voix porteuses parmi les enfants de la terre algérienne de Kabylie s’expriment sur la matrice et le terreau qui ont fait le lit de l’abjection absolue à Larbaâ-Nath-Irathen. À savoir l’esprit MAK, ce poison du séparatisme qui n’a cessé de distiller le venin de la haine, du racisme, du racialisme et du «kabylisme» suprématiste. Un «kabylisme» voulant que le Kabyle ne soit pas algérien, au motif que les autres Algériens, même quand ils sont berbères eux aussi, sont des Arabes et même pas des arabophones. Et constituent de ce fait les armées oppressives d’un prétendu pouvoir colonial algérien, quitte à oublier que ce même pouvoir a toujours compté des Kabyles parmi ses décideurs essentiels ! Mais aux yeux du MAK et de ses ouailles paranoïaques, même ces décideurs fondamentaux du pouvoir réel sont des K.D.S., des Kabyles de service. Sous-entendu, les K.D.S. seraient des harkis kabyles d’un pouvoir central qui serait arabe, et arabe chimiquement pur ! 
Cette chronique prétend ouvrir ainsi un débat froid et serein sur le MAK, et surtout sur l’esprit MAK. Elle est née du constat que les politiques, les intellectuels et autres leaders d’opinion qui, même lorsqu’ils dénonçaient le crime méphistophélique de Larbâ-Nath-Irathen, ne citaient pas jusqu’ici le MAK, se contentant d’une expression euphémique ou d’une évanescente allusion. Jusqu’à plus ample informé, pas une seule voix de ces autorités morales, intellectuelles, politiques, religieuses ou médiatiques n’a appelé clairement le chat MAK un chat MAK. Et dit surtout que ses trois initiales signifient qu’il est le mal absolu de notre chère Kabylie ! 
Sauf erreur, seul un regretté artiste emblématique avait un jour évoqué le MAK, en prononçant son nom, pour dire qu’on devait l’écouter car il exposait un problème essentiel, même s’il posait de mauvaises questions à son sujet. On a vu également d’autres artistes, des politiques et des journalistes se prononcer, résolument et clairement, contre le séparatisme et en faveur de l’unité nationale. Pour la juste raison que des martyrs kabyles ont versé leur sang en Kabylie et ailleurs, et que d’autres Algériens non kabyles sont morts à leur tour en Kabylie pour l’indépendance de l’Algérie. Mais là aussi, à aucun moment le nom du MAK n’est cité expressément et identifié comme vecteur du mal. Comme s’il était un tabou absolu, une ligne rouge à ne jamais franchir, une ligne Maginot imaginaire et indépassable. Et comme s’il y avait, à la base, une peur inavouée d’être qualifiés de K.D.S. ou de Kabyles non authentiques. Ou, pis encore, de se faire excommunier par «Tajmâat», cette instance communautaire de gestion villageoise ancestrale, sorte de sénat veillant à faire respecter les lois du vivre-ensemble. Pourtant, le chat MAK existe parce qu’il est né un jour, et que depuis sa naissance, il a grandi, grossi, fait des petits, et qu’il miaulait à voix audible et de plus en plus écoutée. 
On semble même oublier qu’il a une idéologie, un discours, un pseudo-gouvernement à l’étranger, un drapeau et un hymne spécifiques, une équipe «nationale kabyle» de football, une agence de presse, des sites de désinformation numériques et des mouches électroniques. Sans oublier une «diplomatie» soutenue par Israël et le Makhzen marocain, désormais alliés stratégiques notoires et assumés contre l’intégrité territoriale et la stabilité de l’Algérie. Comme si les uns et les autres ne prenaient pas au sérieux le «risque MAK» pour l'unité nationale. Et notamment que les actions et les dires de son fondateur historique Ferhat Mehenni relèvent toujours du délirium tremens. 
On oublie notamment que Ferhat Mehenni a souvent vu les Kabyles «à l'image des Kurdes de Turquie», que l'Algérie «traite en ennemis dont il faut éteindre l'identité et la langue y compris par l'extermination». Et qu’il a régulièrement prédit la guerre civile, encourageant en 2016 ses troupes à «constituer des services d'ordre et de vigilance» en Kabylie. En fait, des milices susceptibles de s'opposer à la police, la gendarmerie et éventuellement l’armée. On a oublié également que pour le caudillo du MAK, une Kabylie indépendante, c'est un Kurdistan kabyle qui serait le meilleur allié des USA, de l'OTAN, d’Israël et du Maroc, selon ses propres termes. Alors que tout le monde sait que le Mehenni d’aujourd’hui n'a plus rien à voir avec le patriote unioniste et démocrate de naguère. Devenu qu’il est un séparatiste ami d'Israël, un obligé du Makhzen et un nostalgique assumé de la colonisation française de la Kabylie et du reste du pays. 
En janvier 2012, devant des députés de droite français glorificateurs de la colonisation, il avait estimé en effet que la colonisation était un «regrettable accident historique». Un «malentendu» ayant pour point de départ la bataille d'Icherridène en Kabylie (1857) et pour point final l'indépendance du pays (1962). Sa libération est donc un «malentendu», vu qu'en 1962, «la Kabylie n'a jamais récupéré sa souveraineté transférée» par la France coloniale à l'Algérie indépendante. Il avait trouvé aussi que la France coloniale fut plus clémente à l'égard de la Kabylie que ne l'aurait été le régime algérien depuis 1962 : «Ce qui oppose le pouvoir à la Kabylie est bien plus lourd que ce qui a opposé la France à la Kabylie depuis 1857 jusqu'à 1962», avait-il dit. 
La colonisation est ainsi absoute de tous ses crimes depuis 1830, y compris des crimes successifs en Kabylie. Du coup, ses compatriotes au pouvoir depuis 1962, décideurs kabyles inclus, auraient commis des «crimes bien plus graves que ceux de la colonisation». Dans son délire schizophrénique, la «pacification» de la Kabylie, le martyre de son propre père et des autres chahids kabyles, la geste héroïque de Fathma N'Soumer et des Cheikhs El Mokrani et El Haddad, entre autres moudjahidine fortement symboliques, relèvent d'un «malentendu» à «dissiper». Les crimes à grande échelle du maréchal Randon et des généraux Mac Mahon, Renault et Maissiat en Kabylie procèdent aussi du même «malentendu». 
Dans la sémantique séparatiste du MAK, il est question globalement d'«ethnocide» et de «génocide» de Kabyles devenus par ailleurs les «nouveaux Juifs», les victimes supposées d'un Exodus à l'algérienne. 
N. K.

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