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Terrorisme : on n'en a pas encore fini !

Le point d'exclamation dans le titre suggère, à première vue, l'étonnement de l'éditorialiste. Mais il appuie en fait un message à bon entendeur, sous forme de rappel d'une réalité qu'on a tendance, collectivement, à oublier. Oui, on n'en a pas encore fini avec le terrorisme en 2021 ! En témoignent encore les derniers bilans de la lutte antiterroriste du mois de mars publiés sur le site du ministère de la Défense. À Bord-Badji-Mokhtar, à la frontière avec le Mali, ailleurs dans les environs de Tamanrasset, à Tébessa et Tissemsilt, à In Amenas, Jijel, Béjaïa, Tizi-Ouzou, M’sila et Skikda, des terroristes sont neutralisés, des casemates détruites, des armes, des munitions et des bombes artisanales récupérées. 
Ce dernier bilan nous rappelle que l'ancien chef d'état-major de l'ANP, le défunt Mohamed Lamari, avait dit un jour que l'Algérie avait vaincu militairement l'intégrisme, mais qu'elle avait échoué à le défaire sur les autres terrains de sa survie et de son épanouissement. Le «Grizzli», comme on le surnommait, avait manifestement le sens de la formule éloquente. Il avait précisé aussi que la lutte contre ce mal absolu n'était pas l'apanage de l'armée, mais relevait d'une conjugaison des efforts de l'État et de la société. Le temps lui a donné malheureusement raison, et conféré à sa sentence un goût encore plus amer. Ainsi, constate-t-on, presque deux décennies après ses propos, que si le terrorisme a baissé d'intensité et de degré de nuisance, il est en revanche endémique. Avec différentes formes d'expression, et un nombre varié de théâtres d'opération, à l'intérieur et à l'extérieur des frontières du pays. 
Le terrorisme n'a certes plus l'amplitude et l'intensité qu'on lui a connues durant les années 1990, mais beaucoup de temps a cependant été perdu à s'attaquer exclusivement aux effets sécuritaires du problème du terrorisme. Et on a du coup oublié ses causes religieuses, politiques, économiques, culturelles et sociales. Trop de temps gâché à laisser l'ANP et l'ensemble des services de sécurité affronter seuls le monstre méphistophélique. Et il a fallu attendre longtemps pour voir un ministre des Affaires religieuses inviter tout le monde à s'attaquer aux racines du mal. Et il avait alors annoncé la création d'un «Observatoire des extrémismes», qui n’a jamais pu voir le jour. 
Mohamed Benaïssa avait alors appelé à affronter le salafisme obscurantiste, sous toutes ses formes et sur tous les terrains. À commencer par les mosquées et les prêches que lui-même entendait conformer strictement à l'orthodoxie malékite, moins rigoriste et rétrograde que les différentes formes de salafisme d'essence wahhabite. Un wahhabisme qui a trouvé sur internet, sur les télévisions satellitaires, à l'école, dans les entreprises et dans une certaine presse écrite et audiovisuelle arabophone, un terreau fertile. 
Il faudrait donc que la République et le rite malékite réinvestissent d'abord l'espace des prières et des sermons. Un réseau d’au moins vingt mille mosquées animées par plus de vingt-six mille imams rémunérés par l'État, mais dont une partie constitue une cinquième colonne pour l'intégrisme pourvoyeur de terrorisme. Il faudrait également, dans la foulée de cette réappropriation républicaine, «neutraliser» l'école où certains enseignants s'improvisent imams, officiant durant les prières du jour, en pleines classes ! Il faudrait en même temps nettoyer au Karcher certains manuels scolaires, creuset de l'obscurantisme salafiste. 
Pour y parvenir, l'État doit s'en tenir à la vulgate malékite et veiller sévèrement à son strict respect dans tous les espaces de la vie publique. Avec notamment comme moyen de réalisation et comme gage de cohérence, la création du poste de mufti de la République, garant d'une exégèse conforme à l'esprit de tolérance et de pacifisme du malékisme. Des Mohamed Aïssa, il faudrait qu'il y en ait donc à tous les étages de l'État. Le salut est peut-être au prix de la multiplication de leur nombre. Afin de vaincre l'intégrisme sur les terrains autres que militaire. 
«Un des principaux obstacles aux progrès de l'humanité et de la connaissance, ce n'est ni la foi ni l'absence de foi, comme on l'a pensé au cours des siècles précédents : c'est la certitude dogmatique, de quelque nature qu'elle soit. Parce qu'elle finit par engendrer le rejet de l'autre, l'intolérance, le fanatisme, l'obscurantisme», disait le philosophe Frédéric Lenoir, spécialiste des religions.
N. K.

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