Faudra quand même qu’on m’explique comment une TV publique peut annoncer l’arrestation de 190 personnes lors de…
… manifestations qu’elle n’a pas couvertes !
Le bruit strident du rideau qui se baisse. Brutalement. Sans prévenir ! L’entends-tu ? C’est un bruit familier à nos oreilles de Dézédiennes et de Dézédiens. Nous avons cette manie de la fermeture. Pour un truc qui va de travers, pour une liste de logements un peu «chelou», pour une route non bitumée, pour l’eau coupée depuis l’indépendance, pour le gaz qui est arrivé dans le village voisin, et pas dans le nôtre, on ferme ! On soude une porte. On mure une fenêtre. On met des chaînes et des cadenas. C’est notre signature. Notre label. Notre certification ISO machin chose ! Et pourquoi le régime s’empêcherait-il alors d’en faire de même, hein ? Une note, et hop ! Bellaâ ! Fermi ! Sekkar ! Habbat erridou ! L’université ferme pour vacances anticipées ! Pour vacances avancées ! Pour vacances téléportées ! Pour vacances bla djeddek que même si t’en veux pas de tes vacances, eh ben que t’en souperas quand même ! Hallucinant de légèreté ! Des milliers d’étudiants à la bourse phtisique, sans moyens, habitant les hameaux et zones reculées du pays et qui vont devoir mettre en place dans l’urgence là, maintenant un «plan Orsec» pour tenter de trouver un point de chute. L’exode d’une grande partie du peuple, chassée par une autre partie. Plus petite ! Vachement plus petite. Des drames se jouent depuis cette note. Des drames d’étudiants. Des drames de familles d’étudiants. Des drames dézédiens. L’impunité engendre toujours des drames. Qui mesure l’étendue d’un drame ? En théorie, ce sont les gardiens des instruments de mesure ! Mais là, ce sont eux qui ont déclenché ce drame ! Alors, comment appelle-t-on celui qui déclenche un feu, tout en sachant qu’il est le seul à détenir les clefs de la caserne des pompiers et de l’arrivée centrale de l’eau ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
