- Le Conseil des ministres se tient dans quelle salle ?
- La cellule 23, au bout du Mirador, Façade Est !
- ???
Bouteflika, l’aîné nous écrivait. Tout le temps. Ensuite, c’est Bouteflika, le Cadet de mes soucis, qui s’est mis à nous écrire en signant Abdelaziz, le vilain ! Ensuite, c’est Gaïd Salah qui s’est mis à nous lire ses écrits à partir des casernes, hebdomadairement, au son du clairon. Et là, on me dit que c’est Ahmed Taleb-Ibrahimi qui nous envoie une cht’ite bafouille ce samedi. Nous sommes décidément épistolairement très sollicités ! Et un brin fatigués, je dois bien l’avouer. Diantre ! Il faut que je perde cette mauvaise habitude de dire « nous » à la place de « je ». Je ne suis ni ne prétends être le porte-parole d’aucun groupe de « nous ». Donc, je ! Je suis un chouia fatigué de tous ces Frères du Palais saison Une et Deux qui nous envoient des lettres ou lisent celles rédigées pour eux par d’autres. Mais celle de Taleb, si l’information se confirme, je ne la lirai pas ! Je refuse de la lire ! J’ai déjà lu ce bonhomme-là il y a fort longtemps ! Lu en large et en travers. Et franchement en travers ! J’ai lu et subi sa culture. J’ai lu et subi son école. J’ai lu et subi sa télé. Je l’ai subi. Le subir à nouveau voudrait dire que je suis un sacré masochiste ! Au bout de son histoire, de mon histoire, de nos histoires hélas croisées, je suis exténué de constater qu’en 2019, on aille chercher ce pédigrée-là précisément, ce C.V, ce casier politique et idéologique pour nous embarquer en train de transition rapide. En train d’enfer, plutôt. Tout ça pour ça ? Pour l’islamisme en emballage light, mais à la composition tellement plus mortifère que l’intégrisme nichen-direct ? Alors, je – et j’insiste sur ce je — ne pourrais pas aller au-delà de cette expérience imaginée dans un quelconque cerveau dérangé de quelque laborantin se découvrant médecin-chef, sans pourvoir exhiber quelque diplôme attestant de ce ministère savant ! Non ! Taleb, même en transition express, c’est trop pour mon transit, le peu de neurones qui vagissent encore dans ma caboche et les restes d’une humanité que je croyais ressuscitée le 22 février dernier. Non ! Sans façons ! Taleb, ça sera sans moi ! Surtout pas en mon nom. Not in my name ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
