Soudan ! Junte et opposition sont enfin tombées d’accord : il faut une sortie de crise rapide en…
… Algérie !
Faisons les choses dans l’ordre ! D’abord, un principe sacré : tant qu’un présumé coupable n’est pas définitivement jugé, il est innocent. Donc, aujourd’hui, dans cet espace, ce principe ne sera pas bafoué. Aucun nom de prévenu ne sera cité. Nous resterons sur un constat nominativement anonyme, mais édifiant quant aux faits. « Flen » est convoqué devant le juge en compagnie de son fils. « Felten » est auditionné par le magistrat instructeur, immédiatement après, c’est sa fille qui est entendue par le magistrat dans le cadre de la même affaire. « Flitinou » est amené en fourgon au tribunal et conduit dans le bureau du juge d’instruction qui a également interrogé l’épouse de « Flitinou ». « Fliou » a vu son dossier d’instruction transmis à la Cour suprême. Il a fait l’objet d’une mise sous mandat de dépôt. Ses trois fils, aussi. Sa fille et son épouse ont été placées sous contrôle judiciaire. Je pourrais noircir tout mon espace avec cette longue liste de « Flen », « Felten », « Flitinou » et autres « Fliou » et filous présumés du pays, voire plus, la 24 page entière de mon canard si la rédaction en chef m’y autorise. Mais bon ! Je reste là, les bras ballants. Respectueux de la présomption d’innocence, mais les bras ballants et la mâchoire au sol, tout de même. Je m’explique. Je suis un citoyen lambda. Et comme toutes les Algériennes et tous les Algériens, comme tous les citoyens du monde – les Algériens avec cette mention méditerranéenne en sus – je panique lorsque l’un de mes enfants, ou pis, les deux me tendent une convocation du CEM ou du lycée exigeant la présence des parents pour « affaire les concernant ». Leur maman et moi n’en dormons pas. Tournant et retournant dans nos têtes ce drame, ce ciel qui s’apprête à nous tomber dessus le lendemain parce que le dirlo d’une école nous a convoqués. Alors ? Comment peut-on être un père et entraîner toute sa famille, femme, et enfants dans des affaires colossales de trafics et de malversations… En fait, ce n’est pas comme si votre Mercedes avait été convoquée en même temps que vous chez le juge. Non ! Là, c’est « lichach’ra », ya bouguelb ! Ouled’koum ! Bnat’koum ! Etiez-vous devenus à ce point amnésiques du jour de leur naissance à la clinique, de leurs mimines tendues vers vous au-dessus du berceau et de leurs premiers mots et pas balbutiés sous vos yeux émerveillés ? Au point d’en avoir fait, au final, des répliques, vos répliques ? De vulgaires pompes à fric ! Que vous soyez, vous les parents, condamnés au final – ou pas – maâlich, à la limite. Mais les enfants ! Pourquoi les enfants, ya aâdjaba ? Et surtout, quel est ce « cœur humain » qui peut entraîner sa progéniture dans cette descente aux enfers ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
