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Rubrique Pousse avec eux

Ham’ khardjou ki boudjeghlellou !

Ceux qui vous menaçaient à l’époque sont devenus vos copains et alliés aujourd’hui. Donc, vous ne risquez plus rien ! Alors, rentrez maintenant au bled faire la révolution avec nous, les copains !

Marhaban !

Je sortais ce matin de chez moi, lorsque je me suis arrêté net sur le seuil de ma porte. Il y avait des flaques de sang partout. Que dis-je ? Des rivières de sang ! Mais si ! Puisque je vous le dis ! Du sang partout. Des têtes coupées. Des corps gisants. J’ai mis plus d’une heure pour arriver à l’arrêt de bus situé pourtant à vingt mètres à peine de mon domicile. Et encore, c’était pour découvrir le chauffeur de l’autobus assassiné de deux balles dans la tête et le receveur pendu à l’antenne radio du véhicule. Comment ça, je fabule et perds la tête ? M’enfin ! Non ! Puisque je l’ai lu ! Où ça lu ? Mais dans cette fabuleuse-lettre-conte rédigée et signée par tout ce que compte République, le Marais et le Bronx réunis comme intelligentsia dézédienne en goguette. Dedans, y a d’anciens camarades, des camarades anciens, des jamais camarades abadan, des barbus amis-amis avec la tondeuse et le ciseau, des fâchés avec le français et dont c’est là la seule occasion de mettre leur nom en bas d’un texte plus ou moins correctement rédigé, et même des « miraculés » de l’immigration express, prête-à-porter, avec micro-studio-boulot dès l’arrivée devant la statue de la Liberté ! Une perf’ que même les réfugiés cubains leur envient à ces anciens pensionnés de l’ambassade des États-Unis à Alger. Moi, je vous le dis, que du beau monde ! Et de la pointure ! Du costaud ! Des qui ne font pas dans la dentelle. La preuve, l’Algérie est à feu et à sang, disent-ils et écrivent-ils aux instances internationales. Comment ne pas les croire ? Moi, je vis ici et eux là-bas. Donc, eux savent et moi pas ! Ils sont dans cette logique dont ils doivent répondre régulièrement en rangs de harengs serrés à République, contraints de flexy ainsi leurs cartes et titres de séjour ou de justifier leur naturalisation. Khardjou ! Khardjou ki boudjeghlellou les camarades ! En attendant qu’ils rentrent à nouveau et cycliquement dans… leurs coquilles, au signal, comme d’hab’, faut que je pense tout de même à alerter la régie des transports afin qu’ils évacuent le chauffeur et son receveur à la morgue et nous en envoient d’autres. Tout en me demandant si après une journée de travail dans ce pays « à feeeeeeu et à saaaaang » je vais pouvoir rentrer vivant ce soir à la maison et y fumer du thé, en espérant rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L.

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