Une adresse pour vacciner mon…
… mouton ?
J’organise un colloque ! Oui, parfaitement, j’organise un colloque. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas organiser un colloque. Il y en a bien qui prétendent faire du journalisme sans avoir fait un seul reportage de leur vie, alors moi aussi, je me lance dans les colloques. Enfin, dans un seul colloque. Celui-là, il me tient à cœur. Depuis le temps ! Mais moi, je veux bien faire les choses. J’ai horreur du bricolage. Je ne supporte pas les approximations. Je veux un colloque carré. Structuré. Et surtout à vocation scientifique avérée ! Je veux des blouses blanches. Beaucoup de blouses blanches. Et puis aussi des costumes gris. Une flopée de costumes gris. Des noirs, aussi. Pour le bleu pétrole ou le vert glacé, j’hésite encore. Pour un premier colloque — et sûrement le dernier —je ne veux pas choquer. Ou alors, je serais obligé d’organiser juste après un autre colloque. Sur les costumes vert glacé. Sans manches. Vous l’aurez compris, je tiens à ce que mon colloque se déroule dans les meilleures conditions possibles. Qu’il fasse date ! Qu’on en parle partout. Et surtout longtemps. Qu’il reste dans la postérité des colloques. Ah oui ! Les sponsors ! Je suis déjà en quête de sponsors. Parce qu’à mon colloque, je veux des divans. Quantité de divans. Peu importe la couleur, même si en matière de divans, je l’avoue, j’ai une préférence pour la couleur rouge. Ça doit se trouver ça, des sponsors qui financeraient l’équipement de ma salle de colloque en divans rouges moelleux. Oui, moelleux. Il est impératif que mes invités se sentent à l’aise, confortablement allongés pour débattre dans les meilleures conditions du thème de mon colloque. Le thème de ce colloque que je tiens tant à organiser ? Tout simple, et d’intérêt public large, très large. Jugez-en : « Pourquoi les mecs portent les mufles et sandales de leurs mères, de leurs sœurs ou de leurs épouses pour sortir ? » Ah ! je vois déjà à vos yeux qui brillent que le thème vous intéresse. Je vous l’avais dit, c’est un problème national, ça, les mectons qui chaussent des claquettes de nanas et s’affichent avec, ensuite, au café du quartier, un gobelet de café à la main. Sans que cela choque personne. Mis à part quelques allumés que nous sommes. Ceux qui fument encore du thé pour rester éveillés à leur cauchemar qui continue.
H. L.
