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Rubrique Pousse avec eux

L’homme qui n’a pas eu le temps de murmurer aux oreilles du cheval !

Drapeau en berne 3 jours et carré des Martyrs à El Alia. C’est comme un…

… 5e mandat à titre posthume !

Les hommages ont plu ! Oh ! Pas de quoi remplir les barrages, mais ils ont plu. Je dois dire que les hommages, s’ils décident de pleuvoir en averse ou juste en ondée, c’est tout à fait leur droit. Je ne suis pas le régulateur de la pluviométrie des hommages ni maire de la ville de Stockholm ! En revanche, je suis sensible à la détresse animale. Je trouve qu’une société se juge et se jauge aussi à son rapport aux bêtes. Et là, force est de constater chez nous, un manquement grave à la condition animale. Un acte d’inhumanité intolérable. Des personnes se sont empressées de «Tarham» et de «Taâzya» frénétiques, mais n’ont pipé mot sur le sort de l’autre. Comme si c’était un chien ! Primo, ce n’est pas un chien. Secundo, même aux chiens, on doit considération et protection humaine. Oui ! il n’est pas chien, il est cheval ! Un magnifique cheval dont le sort demeure inconnu aujourd’hui. Triste destinée pour cet ami de l’homme qui n’a pas eu le temps de connaître son maître ni de le voir le monter. Offrande païenne, cadeau de Roi, le canasson est aujourd’hui oublié, relégué dans l’anonymat de quelque écurie de la République qui en compte une flopée. Avait-il seulement un nom ? Ou juste un p’tit nom ? Personne pour me le dire. Parce que tout le monde s’en contrefiche de son sort, au cheval de feu Abdekka. Si ce n’est pas malheureux de traiter ainsi une bestiole qui n’a rien demandé, au demeurant. Elle vivait sa vie de cheval, tranquille, le museau dans sa botte de foin, agitant sa queue de temps à autre pour chasser les mouches et les rares visiteurs qui tentaient en vain de lui tendre quelques rondelles de cachir pour l’amadouer. Jusqu’au jour où une «lumière de la charcuterie hallal locale» a eu cette bonne idée de faire cadeau de ce cheval à l’Émir d’Oujda-Les-Deux-Mosquées. Le temps d’une cérémonie, son quart-d’heure à la Warhol, il aura été la star, El Aâwd, posant en face d’un cadre. Flashé par les photographes, interviewé même par les plus zélées des télés offshores, puis, rien ! Plus rien ! Alors, moi, aujourd’hui, je pose la question : doit-on sacrifier c’te pauvre bête sous prétexte qu’en remuant sa queue, cet animal réveille notre mémoire torturée par la lâcheté et les immondes acceptations de l’innommable, vingt ans durant ? Je pose cette question tout en déployant mon parapluie pour me protéger, tant les hommages, au début timides, s’abattent maintenant en déluge ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.

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