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Rubrique Pousse avec eux

L’obligation d’un Nuremberg.DZ !

- T’as vu ? Prince Saïd a enfin décidé d’ouvrir la bouche et de parler aux juges.
- Ah ! Ça explique tout !
- Ça explique quoi ?
- Ça explique cette odeur insoutenable dans l’air !
- ???

Je visionne en ce moment de vieilles archives du procès de Nuremberg. J’écris « vieilles » parce qu’elles sont pour la plupart de piètre qualité, mais arrivent à renseigner malgré tout sur ces quelques jours qui ont mis le monde en haleine. On y voit des « dignitaires » du 3e Reich venir à la barre et confirmer ce qu’ils ont commis sous le règne d’Adolphe Hitler, justifier et expliquer leur démarche. J’en ai même vu qui, à la fin de leur déposition, ont tendu le bras, en ultime salut nazi envers un monde qui les avait de toutes les façons déjà condamnés. Je ne fais pas l’apologie du nazisme. Manquerait plus que ça ! Je ne suis pas admiratif des bourreaux qui revendiquent leurs exactions, même au pied de l’échafaud qui les convoque à leur tour. Sûrement pas ! Et par-dessus tout, j’évite comme la peste brune d’établir des parallèles douteux entre les régimes totalitaires, dictatoriaux et despotiques. Chaque chose doit rester à sa place. Je remarque juste qu’à propos de la période des 22 années de règne des Bouteflika, personne n’assume. N’assume vraiment ! Personne n’a ce « courage » de dire « oui ! J’ai fait ! Oui, nous avons fait parce que nous considérions que c’était comme ça qu’il fallait procéder et pas autrement. » Ici et maintenant, je n’entends que vagissements sur
« la gestion catastrophique du pays par le clan Bouteflika ». Et quant à l’époque, dès fin 1998, les masseuses de bain que nous sommes d’ailleurs toujours, en mode solo, par petites bandes « éparses » et démunies de porte-voix, s’époumonaient malgré tout à alerter, où étaient donc ceux qui font mine de découvrir en 2020 que les Boutef’, c’était la cata absolue ? Win kountou ? Je veux bien que les vents nouveaux poussent les pages à être violemment tournées. Je veux bien que le message officiel soit à la ritournelle « je ne suis pas là pour régler des comptes ». Mais tout de même ! Ces pages que l’on tourne produisent un bruit terrible à mes oreilles. Parce que beaucoup d’entre ceux qui se saisissent aujourd’hui de ce livre blanc et veulent tourner frénétiquement les pages, quitte à les déchirer et à crier ensuite « oups ! », ont fait partie des rédacteurs acharnés — sinon ont servi d’encrier ou de vulgaires plumes — aux « maîtres-écrivains infâmes » de cette période. Désolé, mais au Nuremberg-DZ, s’il venait enfin à se tenir un jour – ce que je souhaite ardemment, parce que c’est le prix obligé à l’apaisement — il ne devrait pas être possible d’être assis, en même temps dans le box des accusés et sur le fauteuil des juges ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.

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