- T’as vu ! L’armée a lancé un appel au peuple !
- Tu veux dire un ordre d’appel !
- ???
Et les autres, là ! Les boulangers et l’association des consommateurs qui nous tannent le cuir avec le gaspillage du pain ! M’enfin ! Y a pire ces dernières heures ! Y a le gaspillage des œufs ! Je n’ai jamais vu ça ! Il s’en consomme comme des… p’tits pains ! Aurais-je raté une méga-promo sur les œufs ? Je ne pense pas. Ou alors, c’est que j’hiberne fort. Les épiciers et les autres revendeurs de « fils de la poule » eux-mêmes n’en reviennent pas. Débordés, qu’ils sont ! Y a pas de fêtes à gâteaux proches, que je sache. Pas d’arrivées massives de hadjis. Pas de départs, non plus. Le Ramadhan, mazal. Alors ? C’est quoi cette flambée, cette poêlée subite d’œufs ? La Principauté aurait-elle changé ses habitudes culinaires, gastronomiques et diététiques, optant brutalement et sans prévenir pour des régimes d’œufs intensifs ? Mystère ! Un mystère d’autant plus épais que ce matin, en allant chercher mes croissants - au beurre, et sans œufs, dois-je le préciser ? - j’ai failli m’étaler à plusieurs reprises dans la rue. Les trottoirs étaient englués d’œufs non encore complètement séchés. Et le sol jonché de coquilles fracassées. Aw ?!! Les Dézédiens, en plus de changer leurs habitudes alimentaires en consommant comme des forcenés des œufs, auraient-ils aussi opté pour les cuisiner dehors, en pleine rue ? Auquel cas, je dénonce une atteinte flagrante à l’environnement. Quelle saloperie ! Toute la ville pue l’œuf pourri ! Les murs, on dirait des toiles surréalistes avec forte dominante jaune-caca. Casser des œufs ? C’est votre problème. Mais pas n’importe où. Et surtout, pas sur n’importe qui. Halte au gaspillage ! Vous avez faim ? Eh ben, fumez du thé et restez éveillés à votre cholestérol, le cauchemar continue.
H. L.
