Commentaire de AGS face à sa télé au moment du discours à la Nation de Bensalah : « c’est fou comme…
… je parle bien ! »
- Tu fais quoi, là ? T’es en train de cadenasser une cellule. Avec du monde dedans !
- Oui ! Et alors ? Ça s’appelle une mise en détention, au cas où ta petite cervelle de moineau ne pourrait pas saisir cet acte judiciaire basique !
- Oui, mais ma petite cervelle de moineau, elle voit bien qu’en même temps que tu bourres tes cellules de jeunes filles et garçons, y a tes lèvres qui bougent…
- Et alors ? Mes lèvres bougent, quel mal y a-t-il dans le fait que mes lèvres bougent ?
- C’est qu’en bougeant, tes lèvres lâchent des mots. Des flots de mots. En fait, tu parles !
- Ben… pour parler, vaut tout de même mieux que mes lèvres bougent, non ? Pourquoi, toi, t’es ventriloque ? Tu peux parler sans bouger les lèvres ?
- Non ! Bien sûr ! Mais moi, je n’enferme pas des manifestants dans des cellules tout en bougeant mes lèvres pour appeler à un dialogue libre et sans contraintes. Je ne veux pas chipoter, mais si j’avais le pouvoir d’appeler au dialogue, à la concertation et à l’amour total et fou entre nous tous, je commencerais par faire le contraire de ce que tu fais en ce moment. J’ouvrirais les cellules et j’inviterais les gosses à aller vivre librement leur vie de gosses.
- Ah ! Parce que toi, maintenant, en plus d’observer le mouvement de mes lèvres, d’oser des incursions dans l’orthophonie, te voilà soudain devenu expert serrurier ! Spécialiste en clés, en cadenas et en pennes ?
- Pas du tout ! J’essaie juste de comprendre comment on peut inviter à dialoguer à travers les murs d’un pénitencier ?
- C’est très facile ! Faut juste être du bon côté, toujours ! Du bon côté du mur ! Du bon côté de la porte. Du bon côté de la serrure et du cadenas. Du bon côté du fourgon blanc. Du bon côté du micro et de la caméra. Du bon côté de …
- Oui, bon ! J’ai bien compris ! Et être du bon côté de l’Histoire, ça te parle ?
- L’Histoire ! L’Histoire ! Ça me dit quelque chose. Vaguement ! Mais qu’importe ! Va pour l’Histoire aussi ! Il me reste de la place ici. J’ai encore des clés en rab ! Fissa ! Qu’on me ramène l’Histoire dans un fourgon, je vais la mettre au frais, tout en appelant les historiens au dialogue et à la concertation ! En attendant que tu choisisses à ton tour le bon côté de toutes ces histoires, fume du thé et reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
