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Rubrique Régions

CÉLÉBRATION DE YENNAYER À NAÂMA Entre dimension identitaire et culturelle

Un vaste programme d’activités culturelles et artistiques a été élaboré, conjointement, par les services de la wilaya, la Direction locale de la culture, et un grand nombre d’associations culturelles, à l’occasion de la célébration du Nouvel An berbère 2972.
Un 12 janvier, rappelons-le, institutionnalisé en 2018 fête nationale chômée et payée. Au programme, à travers toutes les communes de la wilaya, une exposition sur le patrimoine matériel et immatériel, l’art culinaire, des mets du terroir, des produits agricoles locaux, de l’huile d’olive, du miel, des légumes secs, mais aussi des objets de l’artisanat traditionnel (habits, tapis, poterie, vannerie, costumes traditionnels, bijoux…), voire même des conférences sur le sujet, du spectacle, du folklore, de la fantasia pour célébrer cet évènement qui ne diffère pas dans ses traditions à travers tous les ménages dans cette contrée du Sud-Ouest.
En effet, depuis la nuit des temps, cette vaste région des monts des ksour célèbre le Nouvel An amazigh (Yennayer), relatif également au calendrier agraire. Si, d'une région à une autre, les légendes de sa célébration diffèrent et remontent à des siècles, le principe aujourd'hui, c'est l'évènement et les recherches approfondies sur cette année qui reste, pour certains, liée au calendrier agraire et, pour d’autres, à Chechnak et Ramses.
Pour les agriculteurs, le calendrier agraire clôture une année agricole et en ouvre une autre. C'est dire que tous les légumes et les fruits récoltés durant l'année précédente et conservés en stock sont utilisés pour les préparatifs de cette veillée traditionnelle qui se distingue par deux plats principaux : merdhoud (couscous à gros calibre, berkoukès, outchou-azouwar…) et kachkcha ou karkcha (mélange de fruits secs et frais). Le merdhoud : outchou-azawar, d’une particularité singulière et spéciale à la fois, reste le plat le plus apprécié pour cette nuit particulière dans l’année. Le bouillon se prépare avec de la viande d’agneau ou de la viande de veau, dans une marmite spéciale à feu (guedra), contenant toute sorte de graines de légumes secs (fève, haricot, lentilles, pois chiches, blé...) et des légumes frais coupés en petites tranches (carottes, citrouilles, navets, patates), et autres klila, dattes….
Le couscous est enduit de beurre de brebis de préférence, ou à défaut de beurre de vache. Couscous et bouillon sont mélangés et présentés dans un plat géant spécial (gasaâ ou tajra, grand plat en bois). Certaines pratiques demeurent encore de tradition à nos jours, par exemple on met 7 dattes dans la marmite et celui qui découvre la première datte dans le couscous est le béni de la famille. On enfonce un bol plein de beurre au-dessus du couscous. Il y a ceux qui ne mangent pas de viande (symbole de dépenses) pour moins de dépenses durant la nouvelle année. Il y a ceux qui ne mangent pas de piquant (piment par exemple), symbole de la colère (pour que la nouvelle année soit tendre et sans difficulté). Le second plat, c’est karkcha ou kachkcha, une variété de produits exotiques, fruits secs présentés comme le veut la tradition dans un grand plat en alfa (appelé tbag), constitué d’amandes, d’arachides, de noix, de noisettes et autres friandises, bonbons, chocolat, gâteaux, et des fruits frais : oranges, bananes, pommes, ananas, etc. Le festin est toujours accompli et agrémenté d’un thé à la menthe.
Autour de la sinia, les familles se réunissent dans une ambiance particulière, où chacun des bambins dispose d’un sachet spécial dans lequel il met sa part de kachkcha. D’ailleurs, les enfants sont les plus heureux dans toutes les fêtes et les parents ne sont là que pour rendre heureux leur progéniture malgré les dépenses colossales, conséquence de la cherté des produits étalés même sur les abords des routes.
Asougasse amegasse à toute la communauté amazighe, à tout le peuple algérien.
B. Henine

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