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Rubrique Régions

École supérieure des beaux-arts d’Alger Fronde chez les fonctionnaires

Des travailleurs de l’École supérieure des beaux-arts d’Alger, tous corps confondus, viennent de créer une section syndicale affiliée au Snapap. 
Le ton monte entre des travailleurs de l’école supérieure des beaux-arts d’Alger et le directeur de cette dernière. La création d’une nouvelle section syndicale affiliée au Snapap ne semble pas au goût de M. Djamel Laroug qui refuse de la reconnaître, selon un communiqué parvenu à notre rédaction. 
Créée en juin dernier, la section syndicale a adressé deux courriers à la direction de l’ESBA afin d’organiser une rencontre entre ce nouveau partenaire social et le responsable de l’école. 
Devant l’absence de réponses et «la multiplication d’agissements autoritaires, parfois irrespectueux envers le personnel, notamment les plus fragiles», comme nous le confie une employée, la section syndicale a déposé mardi dernier, un préavis pour un sit-in de protestation. Ce dernier aura lieu dimanche 26 septembre de 9h à 12h devant l’entrée principale de l’ESBA et pourrait donner suite, en cas de refus de dialogue, «à des actions plus soutenues les prochaines semaines», lit-on sur le communiqué. 
Contactée par téléphone, Mme Fella Blatti, assistante administrative à l’école et responsable des affaires sociales au niveau de la section syndicale, nous explique que cette dernière a été créée dans le respect des lois et qu’elle réunit toutes les conditions légales (plus de 20% du personnel, soit 105 fonctionnaires) et de rappeler qu’il s’agit là du premier syndicat de toute l’histoire de l’école, si l’on excepte la création en 2006 d’un syndicat d’enseignants affilié au Cnes. 
Défendre les droits des travailleurs et exiger des conditions de travail convenables constituent l’objectif premier de cette représentation mais d’autres facteurs viennent s’y ajouter. Mme Blatti raconte, en effet, que depuis sa nomination par décret exécutif de l’ancienne ministre de la Culture Malika Bendouda, le directeur «prend l’école des beaux-arts pour une propriété privée» et se distingue par un comportement pour le moins agressif et humiliant envers les employés : «Harcèlement moral, abus de pouvoir, décisions arbitraires, privations de congés, favoritisme… » sont autant de griefs qui ont poussé une centaine de travailleurs à se constituer en syndicat afin d’assainir des conditions professionnelles et humaines jugées intenables, explique Mme Blatti. 
Dans une correspondance, datant de juin 2021, adressée au directeur de l’administration et des moyens au niveau du ministère de la Culture, au lendemain d’une réunion bilatérale, les représentants de la section syndicale racontent dans le détail ce qu’ils reprochent au directeur de l’ESBA : «Les femmes de ménage, les OPHC, les surveillants sont les plus méprisés. Pour les femmes de ménage, il a été jusqu'à leur donner I'ordre, avant une visite officielle, de nettoyer des murs extérieurs (niveau cour) avec de l'esprit de sel et du nadhaf. Les surveillants : il les humilie devant les profs et les étudiants, à tel point que l'un d'eux a été pris d'un grave malaise qui a nécessité son évacuation immédiate aux urgences de I'hôpital Mustapha. A ce jour, il fait I'objet de persécutions. 
Les OPHC : il leur a imposé des tâches qui ne relèvent pas de leurs prérogatives et ont eu à entendre de telles grossièretés qu'ils n'osent même pas nous les répéter. L'un d'eux a été affecté à la menuiserie et à manipuler une machine sophistiquée (qui coûte très cher et qui peut lui coûter les doigts de la main étant donné qu'il n'est pas menuisier). 
Depuis qu'il a pris connaissance de notre courrier collectif, il n'arrête pas de les harceler, par le biais de la responsable des moyens généraux, d'une préposée au personnel, afin de leur faire signer une motion de soutien au directeur. La majorité a vaillamment résisté (…). Le collectif des travailleurs souhaiterait, dans la mesure du possible, que ces corps de fonctionnaires (les plus fragiles) soient auditionnés avec garantie qu'ils ne subiront pas des représailles (…) 
Il n'existe aucune hiérarchie : les chefs de service, les sous-directeurs n'assument pas. C'est le directeur qui note les primes de rendement, qui accepte ou refuse les reliquats de congé, les autorisations de sortie, etc.». 
Plusieurs autres critiques figurent dans ce long rapport transmis à la tutelle, dont des travaux lancés par le directeur au niveau de l’école et jugés attentatoires à son architecture et son esthétique originelles : «Le jardin de l’ESBA est un prolongement du parc Gatlif. M. le directeur y a fait faire des travaux qui l’ont complètement défiguré, sans parler du fait qu’il a décidé de repeindre en blanc un mur en pierre ! », raconte Mme Blatti qui, par ailleurs, travaille dans des conditions dégradantes, selon le même courrier : «Une fonctionnaire se retrouve dans un bureau aux odeurs nauséabondes : passage des conduites d'eaux usées, humidité, et chaudière (cumulus) défectueuse». 
Par ailleurs, le collectif des fonctionnaires souligne également des dépassements au niveau pédagogique à l’instar de la nomination sur décision interne d’un nouveau président du conseil pédagogique alors que celui-ci devrait, selon les textes, être nommé par décret interministériel (culture et enseignement supérieur). 
L’après-midi de protestation qui aura lieu ce dimanche, au niveau de l’ESBA aura donc pour but de marquer la détermination de la section syndicale à mettre fin à cette situation et prendre à témoin les autorités concernées ainsi que l’opinion publique. 
Enfin, les représentants du collectif des travailleurs annonce qu’un mouvement de grève n’est pas à exclure si la direction persiste dans son refus de dialoguer. 
À souligner que nos nombreuses tentatives de joindre le bureau du directeur sont restées vaines. 
S. H.

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