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Rubrique Reportage

Alger-Tizi Ouzou-Boumerdès : Balade historique et touristique La Préhistoire «largement représentée» (6e Partie)

Par Mohamed Arezki Himeur
L’époque préhistorique est «particulièrement et largement représentée» dans le canton de Bordj-Menaïel, selon des résultats de fouilles réalisées au XIXe siècle. La zone, qui déborde jusqu’au littoral, est présentée comme «riche au point de vue archéologique». Elle a fourni divers outils, d’après des études publiées dans des revues spécialisées.

Bordj-Menaïel – (ex-Vasana romain) : Cet ancien fort du temps de l’occupation ottomane a été construit sur et avec des ruines d’un oppidum romain. Il faisait partie, au début de la colonisation, du canton du même nom regroupant plusieurs villages, dont Isser, Naciria, Camp-du-Maréchal, Blad-Guitoun devenu Félix-Faure, et Ménerville. Il est réputé, aujourd’hui, pour ses succulentes variétés de raisin vendu sur le bord de la route nationale reliant Alger et Tizi Ouzou. Il a été érigé en commune de plein exercice le 18 novembre 1870. Saccagé et incendié entièrement lors de l’insurrection de 1871, il a été reconstruit en 1872.
La superficie de la nouvelle commune s’était agrandie en août de la même année, après les expropriations des terres des autochtones intervenues au lendemain de l’échec de la révolte. Un revers qui avait fait passer les meilleures terres de la région entre les fourches des colons. «Le canton de Bordj-Menaïel est riche au point de vue archéologique. L’époque préhistorique y est particulièrement et largement représentée», relevait Camille Viré, dont les fouilles effectuées dans cette cité et ses environs lui ont permis de mettre en évidence divers objets antiques, tels que des outils de pierre, des abris et des sépultures.(14)
Dans un autre texte, ce même chercheur écrivait que ce canton, «par suite de sa situation entre la mer et deux vallées largement ouvertes, a été habité de bonne heure ; on y trouve des pierres taillées sur le sol, soit isolées, soit réunies en assez grand nombre. Il y existe aussi de nombreux abris sous roches et des cavernes anciennement habitées. Une dizaine de ces abris soit naturels, soit en forme de puits, soit murés, dont j’ai commencé l’exploration au lieu-dit la cascade, au-dessus de la gorge de l’oued Menaïel…».(15)
Il avait effectué ses recherches dans sept endroits différents. Il avait découvert, parfois à fleur du sol, à 15 centimètres de profondeur, des fragments d’ossements humains, une grande quantité d’outils grossiers en pierre et d’ossements taillés en forme de poinçons, de grattoirs, de couteaux, etc., ainsi qu’un petit hameçon en fer très oxydé ; un fragment de crâne estampé caractérisé par trois raies : une horizontale et deux verticales «très nettement et très régulièrement tracées. 
On trouve sur une grande étendue de terrain au sud des débris de constructions romaines, principalement des anciens lieux de sépultures, une quinzaine de tombeaux taillés dans les rochers ; le plus important est celui de l’extrémité supérieure de la carrière qui se trouve sur la nouvelle route de Draâ El-Mizan. Plusieurs de ces tombeaux n’ont pas encore été ouverts», rapportait, en 1877, Charles-Claude Bernard, médecin de colonisation et ancien maire de Bordj-Menaïel (16).
Pendant la colonisation, Bordj-Menaïel avait servi, à partir de 1844, de dépôt central des approvisionnements des troupes du maréchal Bugeaud engagées dans des combats en Kabylie. Débarquées au port de Dellys, ces provisions prenaient ensuite le chemin de Bordj-Menaïel.

Naciria (ex-Haussonviller) : C’est l’ancien hameau de Laâzib n’Zamoum, du nom d’une tribu de la région. Il a été fondé en juillet 1873 pour accueillir des colons alsaciens et lorrains, dont les premiers migrants ont débarqué en Algérie en 1872. Une loi adoptée par le gouvernement français de la métropole le 15 septembre 1871 avait promis d’offrir 100 000 hectares de terres agricoles aux migrants alsaciens et lorrains qui iraient s’établir en Algérie. 
L’année suivante, 3 200 colons ont débarqué dans le pays, suivis par 3 260 au mois de mars 1873. Le nombre augmentait sans cesse chaque année. Naciria en avait accueilli un premier groupe de 37 familles représentant 251 personnes. Chaque famille avait bénéficié d’une maison bâtie et équipée, de 40 à 45 hectares de terres, d’outils agricoles, de semences et de vivres jusqu’à la prochaine récolte. 
Le territoire du village s’étendait sur 2 549 hectares mis par le gouvernement à la disposition de la Société protection des Alsaciens-Lorrains qui les a ensuite cédés aux colons.
Les terres concédées à Naciria et ailleurs provenaient des expropriations effectuées contre les insurgés de 1871. Elles s’élevaient, dès les premières années de l’échec de la révolte, à plus de 600 000 hectares.
 La Société de protection des Alsaciens-Lorrains, basée à Paris et dirigée par le comte Joseph d’Haussonville, homme politique, historien et académicien, avait joué le premier rôle dans l’émigration et l’installation des Alsaciens-Lorrains en Algérie, dont le nombre total s’élevait à environ 34 000 personnes. Les statistiques établies par cette société indiquaient que le nombre de migrants alsaciens étaient nettement supérieur à celui des Lorrains. 
Le nombre des premières familles peuplant les trois villages d’Haussonviller, du Camp-du-Maréchal (Randon) et de Boukhalfa s’élèvait à 165, soit 685 personnes.
Laazib n’Zamoum a été rebaptisé Haussonviller le 21 avril 1875 et érigé en commune de plein exercice par décret du 17 avril 1884. Le village est célèbre aujourd’hui, entre autres, pour sa production de melon. Le regard du voyageur est goulument attiré par les montagnes de variétés de ce produit exposé et vendu dans des baraques édifiées à l’aide de roseau sur les bords de la route Alger-Tizi Ouzou, à quelques centaines de mètres du village.

Tadmaït (ex-Camp-du-Maréchal) : C’est l’emplacement choisi par le maréchal Randon pour y installer ses troupes, avant de donner l’assaut contre la Kabylie en général et Larbaâ Nath Irathen (ex-Fort National) en particulier en 1857. «La clef de l’Algérie est là», lançait un jour le maréchal Bugeaud, en pointant de son index les «Monts Ferratus», nom donné par les Romains au massif du Djurdjura. 
Larbaâ Nath Irathen avait été le dernier bastion de la résistance avant de tomber, 27 ans après le débarquement du corps expéditionnaire français sur les berges de Sidi Fredj, le 14 juin 1830. Le maréchal Randon, alors gouverneur de l’Algérie, avait mobilisé plus de 35 000 hommes afin de faire plier la Kabylie, dont l’indépendance lui donnait des migraines. 
Larbaâ Nath Irathen était considéré comme le point stratégique. Vous venez de planter une épine dans l’œil du Kabyle, dira en substance un résistant fait prisonnier à un haut gradé de l’armée française ayant participé à la bataille d’Icheridene, près de Larbaâ Nath Irathen, sur le route de Aïn El-Hammam (ex-Michelet).
La Société de protection des Alsaciens-Lorrains, qui s’occupait de collecter des fonds et de fonder des villages pour ces deux communautés en Algérie, «hérita» en 1873 du site de Camp-du-Maréchal occupé auparavant par l’armée. Mais «la pleine propriété ne lui en fut définitivement concédée» que cinq ans plus tard, par décret du 7 mars 1878.
Le premier groupe de colons alsaciens-lorrains, composé de 38 familles, soit 161 personnes, a débarqué en octobre 1880. Le village a été rattaché en 1885 à la commune de Naciria (ex-Haussonviller). Son territoire initial s’étendait sur 1 478 hectares. Répartis en lots, ils ont été distribués aux colons qui ont bénéficié dans le même temps, pour la majorité d’entre eux, de maisons bâties en dur et équipées, d’outils agricoles, de semences, etc.
Il a été installé dans la zone où se trouvait Bordj Sebaou. Cette forteresse, fondée en 1720 par Ali Khodja, fut l’un des bordjs d’où partaient les expéditions punitives sanglantes et destructrices contre des tribus et villages kabyles récalcitrants, qui refusaient de payer l’impôt à la Régence d’Alger. Des têtes des résistants kabyles décapités étaient envoyées à Alger pour être accrochées aux portes de Bab-Azzoun et de Bab-Djedid. Les Français avaient agi de la même façon, avec, pour ne citer que cet exemple, le massacre, en avril 1832, de la tribu des Ouffia, qui vivait entre El-Harrach et Oued Smar. Comme les autres villages situés sur le trajet Alger-Tizi Ouzou, Tadmaït était réputée pour ses produits agricoles (céréales, oliviers, tabac, vignoble) et l’élevage de bovins. Elle conserve encore cette notoriété de région agricole et d’élevage.
M. A. H.

Sources :
(14) Note sur l’archéologie du canton de Bordj-Menaïel, Revue africaine, n°216, 1er trimestre 1895, Alphonse Jourdan libraire-éditeur, Alger, 1895.
(15) Association française pour l’avancement des sciences, comptes rendus de la 24e session, 1re partie, documents officiels, procès-verbaux, 1895.
(16) Notice topographique et médicale de la plaine d’Isser, Charles-Claude Bernard, Imprimerie typographique A. Mauguin, Blida, 1877).

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