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Rubrique Retraite

Retraités de France Retour au pays et exil du 3e âge

Pour les retraités de France, le continent africain est la première terre d’exil du troisième âge hors d’Europe, avec une préférence pour les pays du Maghreb, le Sénégal et l’île Maurice. Portugal, Italie, Espagne, Thaïlande, Bali, Grèce, Brésil… mais aussi Algérie, Maroc, Tunisie ou Sénégal. Les statistiques pour 2017 viennent d’être rendues publiques par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav, France).

Si les destinations favorites de l’exil du troisième âge sont variées, de plus en plus de Français optent pour les côtes africaines. 
L’Afrique est même devenue le deuxième continent d’accueil. Avec 40% du 1,15 million de retraités français qui résident à l’étranger, elle talonne désormais l’Europe (50 selon les chiffres 2017 de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav).Les autres continents — Amériques, Asie et Océanie — arrivent bien loin derrière, se partageant les 10 % restants. La tendance au départ est à la hausse. En quarante ans, la proportion des retraités français résidant à l’étranger a quasiment doublé, passant de 4,6% en 1980 à 8,2% fin 2017. Et encore, cette donnée ne comptabilise que ceux dont le versement des indemnités est domicilié hors de France. Donc les retraités algériens ayant la nationalité française et percevant leurs pensions en Algérie ne figurent pas dans ces statistiques. S’y ajoutent donc tous ceux, invisibles dans les statistiques, qui touchent leur retraite en France et passent jusqu’à la moitié de l’année ailleurs.

Papy-boom africain
Ces départs se préparent longuement, car passer tout ou partie de sa retraite hors des frontières ne s’improvise pas. Au fur et à mesure de l’émergence de cette communauté de retraités d’un nouveau type, sites, forums de discussion, guides spécialisés et même un salon ont vu le jour. «S’expatrier, mode d’emploi», qui a lieu tous les ans au printemps à Paris depuis dix ans, est ouvert aux actifs comme aux retraités. En 2018, il a accueilli plus de 2 000 visiteurs venus confirmer les informations qu’ils ont trouvées sur internet : fiscalité, santé, patrimoine, immobilier, sécurité… Toutes les institutions y sont représentées. «On reçoit de plus en plus de monde sur le stand de l’Assurance retraite et les publics sont très hétérogènes», confie l’attachée de presse de la Cnav, coorganisatrice de ce rendez-vous.

L’Algérie compte plus de 360 000 pensionnés résidents
Si l’attractivité des pays européens peut notamment s’expliquer par les conditions fiscales avantageuses réservées aux résidents français – allant parfois jusqu’à l’exonération d’impôt durant dix ans, comme au Portugal –, il n’en va pas de même pour l’Afrique. Certes, le Maroc et la Tunisie proposent des régimes fiscaux intéressants et des facilités de titres de séjour, mais les raisons du papy-boom africain sont à chercher ailleurs. Souvent dans l’histoire familiale. De loin le premier pays d’accueil sur le continent, l’Algérie compte plus de 360 000 pensionnés résidents, dont la moitié sont des veuves de travailleurs émigrés vers la France dans les années 1960 et 1970, devenus français et « revenus au pays » après leur vie active. Idem pour le Maroc, avec 62 000 pensionnés dont 32 000 veuves, ou la Tunisie avec 22 000 pensionnés dont 15 000 veuves. A ces terres du Maghreb s’ajoutent le Mali (4 628 pensionnés, 1 751 veuves) et le Sénégal (3 890 pensionnés, 2 443 veuves), qui eux aussi comptent des familles de migrants. Des retraités qu’«on ne retrouve pas sur notre salon parce qu’ils connaissent parfaitement leur pays», décrypte l’attachée de presse de la Cnav.

Des liens très forts avec le pays d’origine
Mais au-delà de l’histoire de ces Français arrivés dans les années 1960 et repartis à l’âge de la retraite, la Tunisie, le Sénégal et surtout le Maroc restent des destinations privilégiées, malgré les soubresauts des «printemps arabes». «La Tunisie a connu un fort ralentissement des installations après la révolution du jasmin et, surtout, les attentats terroristes de 2015, constate le créateur du site ‘’Retraite sans frontières’’ et éditeur de guides. Mais cela ne s’est jamais arrêté complètement et, depuis un an, les gens reviennent.» 
L’attractivité jamais démentie de ces trois pays s’explique. Bien sûr on y parle français. Bien sûr ces destinations sont à quelques heures d’avion. Bien sûr la vie y est moins chère de 20% à 30% et le climat plus clément qu’en France. 
Mais beaucoup de ces retraités voyageurs partent y retrouver une partie de leurs racines et renouer avec leur histoire familiale. S’ils n’ont pas forcément de double nationalité, ils n’ont jamais vraiment coupé le cordon avec ces terres où ont souvent vécu leurs ancêtres.

L’âge légal est de 62 ans à partir du 1er janvier 2019
L’évolution des effectifs en 2017 est de +0,7% en fin d’année et reste relativement modérée, comme au cours des cinq dernières années. 
Ce phénomène résulte du recul de l’âge légal des départs en retraite et ce, en application de la réforme des retraites 2010 (loi n° 2010 - 1330 du 09 novembre 2010).  
En effet, les assurés de la génération 1957 qui auraient dû faire valoir leurs droits tout au long de l’année écoulée ne peuvent prétendre à pension à l’âge légal (62 ans) au plus tôt qu’à partir du 1er janvier 2019. 
Les retraités de droits directs de la génération 1957 figurant dans les dénombrements au 31 décembre 2017, de plus de 117 000, sont ceux ayant pu obtenir une retraite avant l’âge légal au titre : d’une retraite anticipée (longue carrière, assuré handicapé, travailleur handicapé) ; d’une mesure dérogatoire (incapacité permanente (pénibilité loi de 2010), dispositif amiante) ; d’une retraite progressive.
Synthèse Djilali Hadjadj

Pour en savoir plus, rapport de la Cnav de 102 pages : https://www.statistiques-recherches.cnav.fr/images/donnees-statistiques/retraites-31-decembre/2018-15.pdf

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