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Rubrique Société

Mohamed Tahar Zerouala (MÉDECIN ET ESSAYISTE) : «Certains pensent à tort que le sucre renforce leur patrimoine énergétique»

Envie d’une tarte à la fraise, d’un morceau de kalb elouz ou d’un bâtonnet de zlabia, ou tout autres mets ou boissons sucrées, somme toute de sucre, souvent à doses démesurées que les jeûneurs engloutissent, sans imaginer les conséquences sur leur santé. Doit-on se goinfrer de ces douceurs pour combler le déficit en apport glycémique, après la rupture du jeûne ? Le docteur Mohamed Tahar Zerouala, médecin et essayiste, répond à cette question cruciale et nous apporte son éclairage sur certaines idées reçues à ce sujet.
 

Le Soir d’Algérie : Certaines personnes pensent à tort que le sucre contenu dans ces plats ou gâteaux sucrés va renforcer leur patrimoine énergétique. Qu’en pensez-vous?

Dr Mohamed Tahar Zerouala : La connexion entre la consommation de sucreries et la période du mois sacré de Ramadhan s’impose à l’esprit comme une évidence. Hormis l’acte religieux qui renforce la foi et l’amour de son prochain, c’est la grande occasion festive après la rupture du jeûne pour honorer une table généreuse où trônent toutes sortes de mets sucrés qui vont des friandises aux gâteaux arrosés de boissons sucrées, sodas et jus.
L’abstinence vécue tout le long de la journée, qui paraît une frustration pour l’individu, va faire place à un débordement émotionnel que le jeûneur arrive difficilement à gérer. Il se traduit par une gourmandise incontrôlable particulièrement pour les choses sucrées.
Certaines personnes pensent en effet, à tort, que le sucre contenu dans ces plats ou gâteaux sucrés va renforcer leur patrimoine énergétique, car il est admis classiquement que ce produit est la source principale de l’énergie musculaire. Ce qui n’est pas faux. Mais la dose utile est loin des concentrations qui sont présentes dans toutes ces confiseries et ces breuvages.
Il est utile de rappeler que pour bien comprendre le métabolisme du sucre dans le sang, la glycémie est relativement constante chez un individu sain. Le sucre chez la personne est métabolisé sous forme de glucose. La glycémie qui est le taux de glucose dans le sang se situe autour de 1 gramme par litre. Toujours chez l’individu sain à jeun, la glycémie est au-dessus de 0,70 gramme, et 2 heures après un repas elle ne dépassera pas 1,40 gramme environ. Pour maintenir ces taux constants, l’organisme va faire intervenir sa « pompe » à insuline, hormone secrétée par son pancréas. Celle-ci va ramener à chaque fois la glycémie autour de 1 gramme par litre. L’insuline va réguler la glycémie à des valeurs normales en faisant entrer le glucose dans les cellules du corps. Chez le diabétique de type 1, le pancréas ne produit pas d’insuline. Raison pour laquelle, la personne atteinte de diabète de type 1 doit s’injecter des doses d’insuline plusieurs fois par jour pour remplacer le rôle d’un pancréas défaillant. Dans le diabète de type 2, l’individu produit de l’insuline mais son utilisation est mauvaise par les cellules de l’organisme. Pour équilibrer un diabétique de type 2, ce sont les médicaments donnés par voie orale qui vont favoriser la pénétration de l’insuline dans les cellules.
Comment réagit notre corps pendant le Ramadhan ?
Pendant le jeûne, il épuise rapidement ses stocks de sucre, c’est-à-dire son glucose. Il se tourne alors vers ses réserves de protéines et des lipides. La rupture du jeûne va recharger les éléments organiques (sucres, protéines, matières grasses ainsi que les liquides et minéraux) qui ont fait défaut pendant la journée. Il faut signaler que le jeûne a des effets thérapeutiques très intéressants. De nombreux pays non musulmans optent pour le jeûne thérapeutique qui démontre ses vertus pour le corps humain.

Qu’en est-il chez nous ?
De nombreuses personnes mal informées s’adonnent aux sucreries pendant la soirée pour combler, semble-t-il, le déficit en sucres pendant la journée.
Certes, les trois repas quotidiens sont remplacés par deux repas principaux, le shour et le f’tour. Ce qui est amplement suffisant. Mais pour certains, et ils sont nombreux, kalb ellouz, makrout, zlabia, gâteaux, gazouz et jus industriels forment l’arsenal stratégique pour remplacer ce manque alimentaire de la journée. Le remplacement ne doit pas se limiter aux sucreries. Il y a les protéines, les matières grasses et les sucres. Il ne faut pas oublier les minéraux et l’eau pour une bonne réhydratation. Une déshydratation entraîne une grande fatigue. Une accumulation de sucreries pendant le mois de Ramadhan va se traduire par une augmentation des triglycérides néfastes pour les artères entraînant leur obstruction qui peut déboucher sur l’hypertension artérielle et les thromboses des vaisseaux. (cœur, membres, cerveau…).
Les sucres se retrouvent également dans d’autres aliments. Le cas du pain qui est consommé sous toutes ses formes. Il est recommandé de limiter sa consommation, car il est riche en sucres. Les fruits sont aussi riches en sucres. Préférer le fruit entier aux jus. Les jus même naturels élèvent rapidement la glycémie. Il est recommandé pour le diabétique de consommer le fruit entier car son absorption est lente. Ce sont des sucres rapides comparativement aux sucres lents que sont les céréales.
Pour le s’hour, opter pour les sucres lents, qui, comme leur nom l’indique, permettent de « tenir le coup » pour la journée. Pourquoi les sucres rapides, tels que les confiseries par exemple, ne sont recommandés qu’en quantités sobres. Il faut les consommer comme dessert. Absorbés vite et en grande quantité, ils vont élever la glycémie rapidement et déclencher une sécrétion brutale d’insuline qui va faire baisser violemment la glycémie, la personne va avoir un malaise parfois grave. Certains diabétiques observent le jeûne. Ils doivent avoir l’accord de leur médecin traitant. Ils peuvent le faire à condition d’observer certaines règles qui ne sont pas en fait drastiques. Ils doivent être accompagnés tout le long de leur carême par leur médecin et surveiller quotidiennement leur glycémie particulièrement en fin de journée.
Une baisse de leur glycémie au-dessous de 0,70 mg doit les conduire impérativement à rompre le jeûne sur le champ. Il est évident que pour les diabétiques de type 1, c’est-à-dire insulino-dépendants, le jeûne leur est déconseillé.
En conclusion, doit-on se goinfrer pendant le Ramadhan lors de la rupture ou pendant le s’hour. La réponse est non. Il ne faut pas changer ses habitudes alimentaires et avoir un comportement qui respecte son corps sur lequel l’esprit doit garder la prééminence.
Propos recueillis parNaïma Yachir

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