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Rubrique Société

Ramadhan, Femmes au foyer et enfants en bas âge Le difficile équilibre

L’imaginaire voudrait que les femmes au foyer ayant des enfants en bas âge se la coulent douce durant le mois de carême. Elles sont censées ne pas être obligées  de se lever le matin pour aller travailler et peuvent profiter des longues grasses matinées. Leur quotidien est loin de cela…

Lors des longues journées de jeûne, ne pas s’alimenter et avoir un sommeil décalé accentuent la difficulté de s’occuper des enfants en bas âge. Outre la préparation du f’tour, la gestion du foyer et autres obligations familiales, maman doit aussi être en phase avec le rythme spécial de son enfant.

Des journées rythmées par les tâches ménagères
Souhila, mère au foyer, a  trois enfants en bas-âge. Elle raconte son quotidien  ramadanesque : « Contrairement à ce que l’on peut imaginer, les journées commencent tôt. Levée avant le fadjr, il faut préparer le s’hour (repas pris dans la nuit avant la première prière). Ceci en faisant attention à ne réveiller aucun des enfants qui, pour cette année encore, ne sont pas en âge de jeûner. Après la prière, je me recouche en espérant que les enfants ne se lèveront pas trop tôt. La course commence dès le réveil du plus petit qui n’a qu’un an, les deux autres ne tardent pas à suivre. Toilette faite, petit-déjeuner pris, je les occupe un peu tout en m’organisant autour des tâches ménagères régulières : ranger la maison, faire la lessive, nettoyer, enlever la poussière, faire le parterre. Ceci en plus de changer les couches,  et donner le biberon. Pour le repas de midi, je suis obligée de cuisiner pour éviter que mes enfants ne mangent quotidiennement la même chose. Malgré la fatigue, la soif et la faim, j’essaye de ne pas trop m’énerver lorsqu’ils ne veulent pas déjeuner. Puis, je les oblige à faire une sieste qui, à chaque fois, j’espère qu’elle dure au moins une heure, durant laquelle, je commence à réfléchir aux plats de l’iftar et à commencer à éplucher quelques légumes. En somme, juste le temps de faire un petit tour dans la cuisine avec l’angoisse d’arriver à tout préparer à temps. Lorsque les enfants se réveillent, je dois sécher les larmes, raconter une histoire, faire cesser les chamailleries. Et aussi, leur faire prendre leur goûter. Puis, je rentre dans la cuisine de façon définitive jusqu’au retour de mon mari. Mes enfants restent entre mes jambes et je dois jongler avec tout ce qui m’attend sans perdre la tête. Mon époux, lorsqu’il rentre du boulot, n’a bien sûr pas conscience de ma journée même si je la lui raconte. Et, pour ma part, à bout de force, tout ce que je lui demande est de s’occuper de nos enfants et il le fait avec plaisir. Cette année, je commence à initier mon conjoint  et l’aîné à mettre la table. Une corvée de moins. Pour la vaisselle, ce sera peut-être plus tard. Avec ce rythme, je m’endors épuisée en souhaitant que je garde tous mes neurones et mes forces mais surtout avec un sentiment de culpabilité, celui de passer un Ramadhan en me privant de manger mais sans spiritualité. Et à chaque matin, je me dis qu’aujourd’hui, je ferai en sorte de faire mes prières et de lire un peu le Livre saint, mais sans y parvenir. Mais bon, quand mes enfants grandiront, je me rattraperai .»

Une organisation millimétrée 
Nawel est maman de deux enfants. « Même si je suis femme au foyer, je considère que je pratique une activité non rémunérée quotidienne et sans arrêt.» Tout de go, cette maman plante le décor. Elle enchaîne : « Je ne veux pas être considérée comme une personne insignifiante parce que je ne travaille pas. Et durant le mois sacré, j’estime que je suis autant fatiguée que les autres personnes qui activent à l’extérieur. Mais pour que je puisse profiter de ce mois et passer de bons moments, je garde la même organisation que les mois précédents. Je fais en sorte de me réveiller au s’hour et je mange léger avec mon mari. Je me lève à 6h30 pour faire la vaisselle et tout ce que je peux ranger sans faire de bruit. Puis, je réveille mes enfants à 7h30 même s’ils ont du mal à se décoller du lit. Petit-déjeuner, changement de vêtements, et je m’amuse un peu avec eux. Je poursuis mes tâches ménagères, tout en lançant le déjeuner et les repas de l’iftar. Je me suis fixé comme objectif de cuisiner un jour sur deux. De ce fait, je peux profiter pour me reposer un peu, lire des versets coraniques. Lorsque je dois préparer la popote, je m’enferme dans la cuisine en faisant en sorte que mes enfants soient occupés par leurs jeux, la télévision ou bien encore par le coloriage. Lorsque mon mari rentre, je m’arrange pour passer au moins une demi-heure avec lui avant l’adhan, histoire de discuter un peu et se retrouver. Donc, contrairement à ce que tout le monde dans mon entourage peut penser, je ne fais pas de grasse matinée, mais je suis bien organisée.»

Les allers-retours à l’école
Nadia, maman de trois enfants scolarisés, raconte un tout autre
quotidien : « Lorsque mes deux filles et mon garçon étaient jeunes, je me disais quand ils grandiront je pourrais passer un Ramadhan tranquille. Ce n’est pas du tout le cas. Maintenant qu’ils vont à l’école, je suis obligée de les accompagner et le temps de revenir à la maison et de faire un peu le ménage, je dois repartir pour les récupérer. À la maison, il faut les faire manger en ayant le réflexe de ne pas leur donner uniquement la chorba et les restes de la veille. J’essaye un tant soit peu de varier. Tout en consolant l’aînée qui voulait poursuivre son jeûne mais qui n’en pouvait plus. Par la suite, il faut repartir à l’école avant de revenir à la maison, le temps de faire la vaisselle. Puis, une heure trente après, je dois ressortir pour les récupérer. 
Pendant le trajet du retour, je fais des courses pour le repas de l’iftar. Au retour, je prends un peu de temps pour me reposer en demandant aux enfants de se débrouiller pour ne pas faire trop de bruit, chose qui leur paraît impossible. Par la suite, je rentre dans la cuisine pour lancer tous les plats, tout en étant obligée de faire l’arbitre de leurs querelles. Cette année, je ne suis pas trop fatiguée parce qu’ils ont classe un jour sur deux. De ce fait, le jour où ils sont à la maison, je fais en sorte de cuisiner pour deux jours, ainsi le lendemain je ne suis pas top épuisée avec les allers-retours. Ceci, en espérant que lorsqu’ils grandiront, avec mon mari, ils pourront m’aider.»
Sarah Raymouche

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