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Rubrique Société

Exil Longtemps loin des leurs, ils décident de rentrer au pays

Chez certains, les jeunes surtout, ça tourne presque à l’obsession. «Partir ! Partir.» Ils n’ont que ce mot à la bouche. Ils ne rêvent que de ça ! Quitter l’Algérie pour vivre à l’étranger, en Europe de préférence.
A la recherche de l’eldorado, ils multiplient les tentatives d’émigration. Pendant ce temps, d’autres Algériens font le chemin inverse. Après des années sous d’autres cieux, ils rentrent définitivement au bercail. Quel que soit le motif de leur retour, ils se font une raison et essayent de voir le côté positif des choses.

Comme a dit Dahmane El Harrachi
Quand son père est tombé malade, Fayçal, 34 ans, a commencé à faire des allers-retours entre l’Algérie et la France où il résidait. « J’y tenais un garage qui tournait plutôt bien, raconte-t-il. Je suis l’unique garçon de la famille et ma mère revenait régulièrement à la charge me suppliant de rentrer. J’ai commencé à songer à mon retour et lorsque mon père est mort je n’avais plus le choix. Dans l’éducation que j’ai reçue, une mère, c’est sacré. Je ne pouvais pas la laisser seule. Je vivais en région parisienne depuis l’âge de 22 ans. J’ai réussi à me faire une situation à la force de mon travail. Célibataire et sans attache, j’ai bouclé mes bagages et je suis rentré. J’ai ouvert un petit restaurant qui me permet de vivre décemment et je me suis marié. Me réadapter à la vie en société n’a pas été très difficile puisque je n’ai jamais coupé les ponts avec mon pays. Je rendais visite à ma mère tous les trois mois. L’avantage, c’est que j’ai mes papiers. Je peux voyager en Europe dès que le besoin se fait sentir. Mais ma place est auprès de ma mère et de mes sœurs. Dahmane El Harrachi l’a bien chanté « ô toi voyageur, où vas-tu ? Tôt ou tard, tu reviendras ! » Il avait bien raison ! Qu’on rentre sur ses jambes ou dans un cercueil, la terre de nos ancêtres est notre destination finale ! »

Nouveau départ
Des études ailleurs, une situation enviable et puis hop, l’appel des racines. C’est le cas de Nawel, 45 ans. « Quand j’ai eu mon bac, mes parents m’ont envoyée faire des études à Montpellier. J’ai ensuite trouvé du travail et je me suis installée dans une vie qui me plaisait bien. J’ai travaillé dans plusieurs domaines : tourisme, immobilier, communication. Arrivée à la quarantaine, j’ai fait une sorte de bilan. J’ai réalisé que je me suis tuée au travail depuis mon plus jeune âge juste pour survivre. Divorcée avec deux enfants, j’ai fait le choix de rentrer au pays, auprès de ma famille. J’ai ouvert une agence de voyages. Je suis plus détendue, je n’ai pas ce stress permanent d’avoir un patron qui me juge sur ce que je peux lui rapporter. J’ai pu acheter un appartement et devenir propriétaire pour la première fois de ma vie. Certes, la vie n’est pas toujours rose ici. Les loisirs font cruellement défaut, surtout pour une femme, mais il faut se faire une raison : on ne peut pas tout avoir dans la vie. C’est ainsi ! »

L’appel du pays
Ici ou bien là-bas ? Grande question ! Réda, la quarantaine bien entamée, est né en France. Il a vécu un peu en Italie et en Belgique. « Je me suis marié avec une Algérienne. Trois enfants sont nés de cette union. Nous avons longtemps discuté sur l’éducation que nous voulions leur donner et, très vite, nous sommes arrivés à la conclusion que nous serions mieux en Algérie. Par rapport à la langue et aussi à la religion de nos enfants, cela était primordial.
Depuis trois ans, nous sommes donc installés dans notre pays d’origine. Il a fallu une période d’adaptation mais tout se passe bien.
En plus, la météo est superbe ! Il n’est pas exclu qu’un jour nous ressentions le désir de repartir en France mais pour le moment, nous sommes bien en Algérie. Tellement de jeunes prennent des risques pour émigrer clandestinement par la mer ! Ils pensent trouver le paradis de l’autre côté de la Méditerranée. D’autres qui sont nés ailleurs comme moi, retournent dans leur pays d’origine car notre pays a besoin de nous.
A chacun ses convictions profondes.» Les raisons économiques peuvent être un motif de retour au bled. Bouzid, 68 ans, a longtemps roulé sa bosse en France. Arrivé à la retraite, il a préféré revenir au pays pour une meilleure qualité de vie. « Avec ma retraite perçue en euros, je vis comme un pacha ici. Je me suis fait construire une belle maison à Béjaïa. Pour rien au monde je ne retournerai vivre dans la grisaille parisienne.
Disons que mes années de dur labeur m’ont permis d’avoir une retraite dorée. Je suis auprès de ma famille, de mes enfants, de ma femme, de mon village... Je ne suis plus de première jeunesse.
Ma place est avec les miens, sur la terre de mes ancêtres .» Ils ont fait le chemin inverse. Forts de leur propre expérience, ces émigrés ont choisi de mettre une croix sur l’exil et poser définitivement leur barda en Algérie.
A l’heure où des millions d’autres rêvent d’une vie ailleurs, eux ont, enfin, trouvé leur port d’attache, en toute sérénité.
Soraya Naili

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