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Rubrique Société

Ramadhan, dépenses et gaspillage Quand les yeux sont plus gros que le ventre

Comme chaque Ramadhan, mois de consommation tous azimuts, les dépenses des ménages atteignent leur paroxysme. En dépit de la flambée des prix, le budget réservé à l’alimentation explose. 
 

La frénésie des achats, dictée par un estomac qui crie famine et une glycémie en berne, bat son plein, au grand bonheur des commerçants qui s’adonnent à leur sport préféré : la spéculation. Viande, pain, zlabia, kalbellouz, dattes,fruits secs, confiseries... les consommateurs préfèrent se ruiner plutôt  que de faire face à une « meïda» spartiate au moment de l’iftar. Au final, dès le lendemain, beaucoup d’aliments se retrouvent au fond de la poubelle. Le gaspillage bat son plein en ce mois sacré. Alors que la plupart des acheteurs ont les yeux plus gros que le ventre, certains gardent la tête froide, n’achetant que par petites quantités. 

Ramadhan 
d’antan
Sacré mois qui fait perdre la boule aux jeûneurs ! Est-ce que ça a toujours été ainsi ?Hafsa, 72 ans, se souvient des Ramadhans de sa jeunesse où la frugalité était de mise. « Dans le temps, les femmes préparaient tout à la maison : pain, khtaief, diouls, conserves de poivrons. Par exemple, en été, les tomates étaient conservées pour être utilisées tout au long de l’année y compris durant le Ramadhan. Nous savions nous contenter de peu. La vie n’était pas aussi chère qu’aujourd’hui, et surtout nous ne jetions rien du tout. Le pain de la veille était remis sur la table le lendemain à l’heure du f’tour et les restes aussi. Ce qui contraste avec l’hyper consommation d’aujourd’hui. Les Algériens mangent avec leurs yeux. Ils se plaignent de la cherté de la vie mais achètent à tour de bras. Quel est le sens du jeûne si on passe toute la soirée à s’empiffrer ? Là est la question », conclut Hafsa.
Les yeux plus gros
que le ventre
Dans les marchés, les travées sont remplies de monde. Les clients ne lésinent pas. Fraises, bananes, poulet, amandes, zlabia, olives... tout les fait saliver. Tout leur fait envie. « J’économise toute l’année pour me permettre des extras durant le Ramadhan », nous dit Hacène, 54 ans. « C’est le mois de toutes les tentations. J’aime faire plaisir à ma famille et inviter mes proches à ma table. L’année dernière, avec le confinement, nous n’avons pas pu partager des moments en famille. Je fais de sorte de me rattraper durant ce Ramadhan même si le couvre-feu est à minuit ».
D’autres gardent la tête froide évitant des dépenses jugées futiles. C’est le cas de Nabiha, 49 ans, femme au foyer «Avec la crise du coronavirus, le salaire de mon mari a été diminué de moitié. Alors pour ce Ramadhan,  je ne m’autorise aucun écart. Je gère le budget du ménage d’une poigne de fer. Pour m’en sortir, je n’ai pas beaucoup dévié du menu des jours ordinaires. Je prépare des spaghettis, des salades composées, des soupes de lentilles... Très peu de viande et des desserts faits maison. Même avant ces restrictions budgétaires, nous n’avons jamais  fait dans les excès. Les enfants y sont habitués. Nous leur inculquons les vraies valeurs.  La gourmandise et le gaspillage sont proscrits à la maison. Nous mangeons à notre faim et préservons notre santé de tous ces produits saturés de sucre, de gras et de conservateurs. Le Ramadhan est un mois de piété et non celui de l’hyperconsommation, chose que la plupart de citoyens ont tendance à oublier ».

Gaspillage
Parfois, par manque d’organisation, des familles élargies se retrouvent à jeter des plats cuisinés, des fruits, du pain... Sans concertation préalable, chacun effectue des achats de son côté. Résultat des courses, il y a trop de provisions à la maison. Ikram, 24 ans,  nous en parle : « Mes deux oncles célibataires vivent avec nous à la maison. Alors, quand ils reviennent du boulot, ils apportent des sachets de courses. Il y a une surabondance de brioches, de pains, de fruits, de sodas, yaourts. Certains aliments sont périssables.  Quand on ne trouve pas à qui les donner, ils finissent à la poubelle. Par ailleurs, mon père est du genre dépensier. Ma mère lui fait une liste en lui demandant de se limiter aux denrées inscrites mais lui, n’en fait qu’à sa tête. Le Ramadhan le mène par le bout du nez. Il a des envies de femme enceinte alors il achète de tout sans compter. Cela donne lieu à des prises de bec épiques avec ma mère. Elle essaye de congeler ce qui est en trop afin d’éviter le gaspillage mais c’est très compliqué ».
Le pain attise toutes les convoitises durant le mois sacré. Kesra, matloo, fougasse, baguette... les clients bavent devant les étals. «L’odeur du pain chaud me rend dingue» nous lance Amine, 42 ans. «J’aime en voir de toutes sortes sur la table à l’heure de l’iftar. C’est la raison pour laquelle j’en achète  plusieurs variétés bien que nous soyons à peine quatre à la maison et il y a beaucoup de gaspillage».

La santé,
il faut y penser !
Mounir, 54 ans, n’a pas changé ses habitudes durant ce mois sacré. « Je refuse de céder à cette société de consommation, avoue-t-il. Je regarde toute cette agitation avec un certain recul. Toutes ces pyramides de zlabia gorgées de sucre, ingurgitées pendant 30 jours, va rallonger la liste des malades du diabète. Et ces repas copieux dont l’organisme n’a pas besoin, pour vivre ! Jeûner 16 heures pour enfourner des quantités astronomiques de nourriture avant d’aller se coucher, est-ce bien raisonnable ? Sans parler de tout l’argent jeté par les fenêtres au lieu d’aider des personnes qui sont dans le besoin. Je ne veux pas être moralisateur. Je souhaiterai juste que les gens pensent à leur santé en évitant tous ces abus, qui peuvent déboucher sur de graves maladies ».
Le Ramadhan, mois de toutes les dépenses. Trente jours durant, l’organisme est soumis à toutes les tentations gustatives. Seul le cerveau humain peut régenter ces impulsions d’achats frénétiques qui font mal au porte-monnaie et à la santé. Cogitum !
Soraya Naili

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