Placeholder

Rubrique Société

Vente de vêtements au kilo Un déstockage pour une bonne affaire

Par Sarah Raymouche
La vente de vêtements au kilo prend de plus en plus d’ampleur. Existant dans de rares boutiques, il y a de cela quelques années, aujourd’hui, une filière organisée et structurée voit le jour. De quoi s’agit-il exactement ? Les clients sont-ils réellement gagnants ? Et comment s’y retrouver ?

«Je pèse mes vêtements et je vois à combien cela me revient ! C’est comme chez le vendeur de fruits et légumes.» C’est ainsi qu’a résumé une cliente rencontrée au niveau du grand magasin Espreno de Draria. Ce dernier s’est converti depuis peu à la vente au kilo alors qu’il était spécialisé dans les vêtements en détail pour tous les âges. «Pour moi, c’est une découverte. Il y a de cela quelques années, ma sœur a trouvé un magasin de ce type au niveau de Dergana, mais pas aussi grand», explique une autre cliente. Mais en considérant les étals, la frontière est mince entre la friperie et la vente au kilo. Une habituée de cette vente explique : «J’ai pendant longtemps acheté de la fripe et c’est vrai qu’il arrive de tomber sur des vêtements neufs mais cela reste quand même rare. Ici, pour la vente au kilo, tous les articles sont neufs. Sauf qu’il faut s’armer de courage et de persévérance, comme dans la fripe, pour trouver le bon article. Il faut prendre du temps car les vêtements ne sont, pour la plupart du temps, pas triés et ce n’est pas forcément de l’excellent choix.» 

Comprendre le principe  
La vente au kilo est un concept qui existe depuis les années 80 aux Etats-Unis, avant de débarquer en Europe, notamment dans les pays anglo-saxons. Ce n’est que durant les années 2000, que ce type de vente se propage en France avant d’atterrir chez nous depuis pratiquement cinq ans. «J’ai commencé très petit dans la vente au kilo au niveau de Bab Ezzouar avec des marques inconnues. Ce que je proposais était plus destiné à des ménages moyens qui peuvent se permettre du neuf sans trop se ruiner. Je faisais attention au choix des modèles pour que cela se vende et que les clients sentent qu’ils ont fait une bonne affaire. Puis, avec deux associés, nous avons ouvert deux autres magasins. Le plus important est de rester vigilant lors de l’achat auprès de nos fournisseurs en Europe. Avec la pandémie, nous avons dû faire appel à un quatrième associé qui habite en France pour travailler directement avec les fournisseurs et les papiers. Maintenant, nous pouvons proposer plusieurs marques. Nous rencontrons actuellement quelques difficultés avec le durcissement de l’importation mais nous essayons de maintenir la cadence.»   
Le gérant d’une autre boutique note : «Nous nous sommes convertis dans ce commerce en considérant la rareté du produit et la grande demande de nos clients.  A notre niveau, nous nous sommes spécialisés dans deux marques connues en Europe. Dès la fin de saison et pour leur déstockage, nous achetons au kilo les invendus et les vendons dans notre magasin. De cette façon, tout le monde est gagnant. Et à chaque marque, son prix au kilo.» 
Une vendeuse explique : «Si vous remarquez, nous sommes nombreuses en tant que vendeuses pour accompagner les clients, les aider à se retrouver et les inciter à acheter car on peut facilement lâcher prise. Et dans chaque rayon, il y a une balance avec l’indication du prix au kilo de la marque. Des fois, de superbes affaires peuvent être faites notamment pour les manteaux, les doudounes ou encore les chaussures. Le conseil que je peux donner est d’être présent le jour d’arrivage car il y a plus de choix et surtout toutes les tailles.» 

Est-ce forcément une bonne affaire ?
L’étendue de ce phénomène a, avant tout, une explication économique. Les acheteurs estiment s’y retrouver. Mais est-ce réellement une bonne affaire ? Cela dépend. Pour ceux qui connaissent les marques et y font attention, la vente au kilo est une bonne affaire. « Avec le concept de vente au kilo, les marques ne font pas la différence, c’est le poids qui est roi. Il y a ceux qui estiment qu’acheter une marque, c’est acquérir de la qualité et ils sont constamment aux aguets. Actuellement, avec la baisse de l’importation, cette façon d’acheter est une bonne alternative», explique une vendeuse de vêtements en ligne au kilo. Mais dans d’autres circonstances, cela n’est pas le cas. « J’ai fait mes calculs et je suis arrivé à la conclusion que pour les vêtements pour enfants, cela n’est pas une bonne affaire, sauf pour quelques rares exceptions, comme pour les accessoires et les chaussures. Je préfère faire des allers-retours vers les balançoires pour ne pas avoir de mauvaises surprises. 

Un nouveau marché niche
Outre-mer, un nouveau cap est franchi dans la vente au kilo. Face à la crise, ce sont les grandes enseignes qui lancent carrément ce type de vente pour acquérir de jeunes clients à la recherche du vintage. «Ce n’est pas l’aspect économique qui est mis en avant mais plutôt le recyclage et la protection de l’environnement. Il faut savoir que la vente au kilo répond avant tout à un objectif de ne pas perdre de l’argent. Donc, les invendus des anciennes collections sont remis en vente. Et cela diffère aussi des soldes. Ce sont des notions différentes. En Europe, tout est fait pour encourager la consommation car leur économie de production est basée sur cela», explique une gérante d’un magasin de vente au kilo, ayant commencé sa carrière en France, dans le textile. Elle prévoit de lancer une application de vente en ligne de vêtements au kilo et vintage comme celle de Vinted.
Mais force est de constater que le marché algérien face à l’inflation et à la baisse du pouvoir d’achat, la vente au kilo n’est qu’une solution permettant de continuer à répondre à ses besoins en habillement. Car le budget qui doit lui être consacré est le plus important dans le panier familial.
S. R.

Placeholder

Multimédia

Plus

Placeholder