Tout passe ! Et lorsque les raisons qui contrôlent vos actes et vous obligent à entendre la voix d’un être qui vous est cher sans pouvoir le prendre dans vos bras prennent le pouvoir sur les heures qui s’écoulent, vous vous consolez en vous disant que cette contrainte-là finira bien par disparaître. Il y a quelques mois que je n’ai pas partagé de messages avec vous. En voici un qui m’aura bien émue.
«Dans l’un de vos billets vous avez évoqué la mil’aka. Ce mot m’a fait sourire. Un sourire de tristesse, de nostalgie et de découragement. Avec l’âge, je me suis rendu compte que la plupart de la population algérienne, d’un certain âge, sans médisance ni parti pris, a reçu une éducation sans attache aucune avec la langue, la culture, l’éducation et j’en passe.
Les gouvernements successifs ont fait de nos jeunes des «mutants» qui abandonnent leur pays et leur famille et risquent leur vie en mer plutôt que de vivre dans leur «patrie» dans les conditions que l’on sait.Rien ne les retient ! Ni l’argent, ils n’en ont pas, ni le travail, il est réservé, ni la culture, ni l’amour-propre à leur âge, ils n’ont pas de logement, ni de loisirs, ils n’ont que les murs pour s’y adosser. Ils leur ont enseigné un arabe qui n’est pas le nôtre, importé à coups d’enseignants égyptiens, libyens et autres, payés en devises, pour en faire quoi ? Une langue étrangère est un passeport pour la science et la culture. Chez nous, l’enseignement est en arabe jusqu’en terminale. Ensuite, sauf pour les sciences sociales et le droit, l’enseignement scientifique se fait en français.
Nos jeunes ont été défigurés à la mil’aka et, comble de tout, l’islamisme a infesté, par son idéologie dévastatrice, les esprits de nos enfants. Nous avons pris un aller sans retour, sans avenir et sans espoir. Je voudrais vivre le temps qui me reste (j’ai 74 ans), avec l’espoir qu’un jour prochain, les choses évolueront dans le bon sens et que nos enfants et nos petits-enfants auront l’amour de leur patrie, de leur culture et vivront enfin des jours meilleurs.Il se peut que je me trompe, ce n’est qu’une opinion, mais au fond de moi, je garde toujours cette lueur d’espoir dans mon cœur.»
M. B.
