Personne ne sait comment il est arrivé là, mais puisqu’il affirme s’appeler Houari Boumediène, pourquoi le contrarier ? A chacun ses modèles, ses références et ses identifications. Lui, c’est Houari Boumediène et il n’en démordra pas. Je réagis à celle-là parce qu’elle aura fini par m’amuser. Elle est carrément stupéfiante.
A l’âge de 5 ans, il a une révélation. Celle de porter un nom pas commun. Celui d’un président défunt dont beaucoup, à l’entendre, regretteraient la disparition. Il y voit un présage et comprend, dès lors, que son destin et celui de la nation sont étroitement liés. Il n’a jamais douté qu’un jour, il devrait relever le défi. Répondre, en outre, à l’appel du devoir.
Dans toute consultation qui permet, improvisation oblige, de mettre en lumière quelques illustres inconnus, certains d’entre eux en profitent pour se dire investis d’une mission de grande portée. Celui-là dont un micro privé sollicite le brillant éclairage n’a pourtant pas l’air d’avoir pété les plombs. Il n’a pas une tête d’abruti. Il n’a pas une tête antipathique non plus, mais gardera-t-il son équilibre quand la nation lui dira «non» !
En admettant, bien sûr, qu’il réussisse à imposer les dizaines de milliers de signatures exigées dans pareil cas, pour continuer à avancer.
J’adore ces situations qui mettent de l’animation lors de rendez-vous aussi sérieux . Elles disent, tellement clairement, le peu de considération que l’on porte à pareilles manifestations.
Le sieur Houari, lui, est sérieux ! Sa mère, décédée depuis, lui avait prédit la victoire, liée à une vision antérieure à sa naissance. Houari Boumediène, le vrai cette fois-là, lui serait alors apparu pour lui annoncer la venue d’un garçon auquel il lui aurait recommandé de donner son nom. Il lui aurait en outre certifié qu’il serait une sorte de miracle pour le pays.
Une espèce de messie. Celui par qui le changement arriverait ! Excellent présage pour le pays. «Et ce sera vous ?» demande le journaliste. C’est là que le Houari nouveau nous la jouera humble en répliquant, souriant, que seul l’avenir saurait nous le dire. Un habité de plus pour suggérer que ce sera lui.
M. B.
