La chronique consacrée, il y a quelques jours, aux mendiants qui se diversifient n’a, semble-t-il, pas été du goût de certaines âmes charitables. J’ai eu droit à un chapelet d’injures pour avoir reproché, m’a-t-on dit, aux pauvres d’être démunis. Dans des cas comme celui-là où lorsque l’on manque d’arguments, on passe à l’insulte et où une prétendue émotion devient insanités.
Des voix de lecteurs censés enrichir le débat s’élèvent pour répliquer, dans un langage fleuri et indigne. Beaucoup le font, heureusement, et viennent parfois mettre un peu de piment pour accompagner, y compris dans la dérision, un échange auquel j’avoue franchement être sensible. Lorsque le thème est grave il incite, généralement, soit à une approbation par le silence, soit par une prolongation sur le même ton. Lorsqu’il invite au rire et que des lecteurs en font une récréation, il n’y a pas plus jouissif. Je ne m’attarderai pas sur celle ou celui qui, après vous avoir traité de tous les noms d’oiseaux, vous refont un message pour s’excuser. Ceux-là me font sourire autrement. Pourquoi se confondre en excuses et reconnaître que la violence de son discours ne se justifiait pas ?
C’est quand la même personne, qui oublie qu’elle s’est auparavant excusée, remet de nouveau son méchant couvert, que vous vous faites une raison à propos de ce qui nourrit la Toile. Mais revenons à nos mendiants qui organisent de mieux en mieux leurs besoins, n’en déplaise à ceux qui font mine de s’émouvoir et se disent choqués par nos propos.
Tout le monde se rue sur la banane dès que son prix redevient raisonnable alors pourquoi pas ceux qui ne sont ni vieux ni handicapés et qui pètent plutôt le feu quand ils vous demandent de remplir leur couffin ? Peu importe à leurs yeux que vous en ayez les moyens ou pas. Si vous parcourez les allées du marché, c’est que vous pouvez vous le permettre. Oui ! La mendicité a fait des progrès. Les palais s’adaptent aux prix affichés.
En attendant des mesures plus concrètes en faveur des réels démunis, des associations existent et les personnes engagées dans la promotion d’une solidarité effective ne sont pas une vue de l’esprit. C’est à elles qu’il faut donner.
M. B.