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Rubrique Soit dit en passant

Une mosquée, et le tour est joué !

Si vous le croisez un tapis sous le bras, annonçant, presque à tue-tête, qu’il va faire son devoir de fidèle, c’est qu’il a, à n’en pas douter, des choses à se reprocher. Il arrive, de plus en plus souvent, que lorsque quelqu’un a envie de vous gagner à ses arguments en s’appuyant sur les propos de quelqu’un d’autre, il ajoute pour donner du crédit à ce qu’il avance : «Et vous savez, celui-là ne plaisante pas. C’est quelqu’un qui ne remet jamais une prière à plus tard et qui va à la mosquée tous les soirs et chaque vendredi !»  La belle affaire ! Libre à chacun de prendre cela comme il l’entend, moi je dis : «La belle affaire !» La mosquée, la prière, la référence à Dieu deviennent incontournables si l’on veut apporter du crédit à quelqu’un. Nous avons tous baigné dedans et regardé nos aînés accomplir leur devoir religieux sans jamais nous contraindre à faire pareil. Nous les avons surtout vu prier dans un silence et une discrétion absolus. Parce que l’acte religieux est un acte individuel qui n’a pas besoin de témoins et encore moins de spectateurs. 
Bouteflika en a fait autre chose dans un but précis. Il a bien calculé son coup alors qu’il ne serait pas, dit-on, ce que l’on qualifierait de grand dévot. Parmi ceux qui l’auraient fréquenté de près, il s’en trouverait même qui lui prêteraient un certain penchant pour l’ésotérisme et donc pour des pratiques qui jurent avec l’adoration du Seigneur. 
Lorsque j’ai lu l’information selon laquelle le chef de l’Etat allait l’inaugurer à l’approche du Ramadhan, pour, sans doute, permettre aux fidèles d’aller y prier, j’ai repensé au nombre de fois où les Algériens ont regretté que les sommes colossales, consacrées à concurrencer, en magnificence, les  mosquées de La Mecque et de Médine, n’aient pas plutôt contribué à construire d’autres hôpitaux et à mieux équiper ceux qui existent déjà. 
Pas sur la faille sismique, là où a été érigé le complexe sur lequel trône le plus haut minaret au monde, mais à travers le territoire. Pour éviter aux malades, sauf les cas exceptionnels, d’émigrer vers Alger ou vers les quelques grandes villes censées disposer d’un semblant d’infrastructures hospitalières. 
M. B. 

 

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