On aurait tort de croire que les situations complexes telles que celle que nous traversons actuellement transforment les gens au point de les rendre irréprochables. Le changement n’est jamais aussi évident qu’on aimerait le croire. Il n’y a qu’à voir comment évolue la désobéissance irraisonnée d’un monde qui doute en ce qu’on lui dit, pour comprendre les difficultés qui émergent quand on pense en avoir, enfin, fini avec les réactions qui évoluent à un rythme effréné. Comme, par exemple, celle qui interpelle sur le sentiment de rejet. L’atmosphère qui règne, intra-muros, est plus à la méfiance qu’à l’approbation. Elle invite, aujourd’hui, plus que jamais, à la réflexion autour des projets à développer pour rétablir une confiance perdue. Pour rassurer celui qui ne sait plus trop à qui accorder du crédit et vers quoi orienter ses doutes.
Un médecin me disait, il y a quelques jours, tandis que l’on annonçait une décrue en terme de contamination, qu’avec le Covid, il fallait être prudent et le rester jusqu’au moment où le patient montre des signes d’amélioration. L’ami praticien qui, avant cela, me parlait du nombre impressionnant de collègues et amis terrassés par la Covid-19, s’est refusé à parler de guérison. On peut, certes, déclarer qu’il y a un léger mieux, voire une amorce de guérison, mais certainement pas affirmer à un patient qu’il est totalement rétabli. Je continue personnellement à prendre avec précaution les chiffres avancés par l’autorité scientifique qui gère l’évolution de la pandémie et influence le comportement à adopter pour éviter le pire. Comment faire taire la rumeur qui alimente la réticence d’une partie non négligeable de la population et fait la part belle à la méfiance à l’égard de l’autorité quelle qu’elle soit, fut-elle médicale ? Certains de nos patrons-médecins auront beau se montrer incapables de gérer les «on dit et il paraît», leur responsabilité n’en est pas moins engagée à l’égard de la catégorie d’Algériens qui refuse le vaccin. Entre celui convaincu qu’on va lui placer une puce pour contrôler ses mouvements et celui qui craint de devenir sexuellement impuissant, il y aurait fort à dire !
M. B.
