Meriem Guemache, auteure de Zelda, dont j’ai commencé à parler hier, m’a donné envie de légèreté. Sortir du drame de Bordj-Badji-Mokhtar et renouer, le temps de parcourir le roman, avec toutes les émotions sur lesquelles elle dit avoir tenu à «mettre le curseur». Amitié, jalousie, trahison, amour, mort, internet, les rencontres que l’on y fait et les liens que l’on y tisse. Tout y est ! Elle-même journaliste, elle est un précieux témoin de la vie sociale algérienne. Elle regarde et écoute précieusement et les voyages nourrissent son inspiration, alimentent sa quête de personnages et de décors. Des interrogations, des propositions de réponses et des envies de partager la synthèse qu’elle en fait.
Du suspense et des rebondissements au fil des pages. Les tableaux se succèdent dans une fraîche bousculade qui réveille les sens et invite à l’évasion. Il y a toujours un moment où l’on interrompt la lecture pour renouer avec un fait précis de sa propre histoire auquel nous renvoie l’auteure.
«Je parle du statut des femmes divorcées et de la femme en général. Qu’est-ce que c’est, en Algérie, qu’une femme qui habite seule et est la cible de harcèlements ? Une femme seule, si elle est jolie et habite seule, est harcelée par le voisin, par les gars du quartier parce qu’elle n’a pas de tuteur, un homme pour veiller sur sa vertu», nous dit l’auteure qui pose la question de la liberté de la femme et se demande à quel point une Zelda qui se prend en charge financièrement est pour autant libre de ses choix. Elle a mis un terme à son union avec le père de son enfant mais continue à rêver du grand amour, de belle vie, de voyages et de rencontres tout en composant avec la société dans laquelle elle évolue.
Comme Meriem, elle-même, bouge beaucoup, elle fait en sorte d’embarquer le lecteur avec son héroïne. Et c’est d’ailleurs lors d’un voyage en Sicile que le déclic opère. Autre lieu de villégiature : Cannes et son célèbre festival, ses strass et ses paillettes, mais au large de laquelle il y a Sainte-Marguerite, cette petite île où Zelda va aller en reportage et raconter l’histoire des 600 exilés algériens qui y sont enterrés.
M. B.
