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Rubrique Tendances

De l’oued, il n’en restera que ses galets

Je suggère que vous traduisiez ce titre vers sa langue d’origine ; il sonne mieux ; il frappe mieux ; il précise davantage le contexte ; il ne souffre aucune contestation. J’ai toujours été tenté d’utiliser un néologisme pour parler des choses vaines ; un peu comme la vie que nous menons, de la naissance au trépas. Le mot « vaineté » n’existe pas, me semble-t-il. Personnellement, je l’ai toujours utilisé dans le sens où ce que nous entreprenons n’a aucun sens, donc touché par la « vaineté ». Je suis aujourd’hui dans cette trajectoire de vie où plus rien n’a d’importance, où tout est vain. Par exemple, on s’épuise à gagner des sous pour ensuite les dépenser en soins, notamment à un certain âge. Faut-il pour autant rester les bras croisés et attendre la providence pour croûter ? Toute la problématique est là, justement.
Dans cet oued, objet du titre, il faut tout le temps chercher le gué. On peut parler du juste milieu. C’est là la difficulté, à proprement parler. Il est impossible de le trouver ce juste milieu. Aussi, l’homme est souvent dans des chemins de traverse, dans des raccourcis, pour arriver à poser la pierre de Sisyphe. Il y a ceux, d’un autre côté, qui utilisent des « loncourcis », je suis avide de néologisme aujourd’hui, je demande pardon aux puristes de la langue, pour louvoyer, pour donner le temps au temps, pour tuer le temps, et arriver enfin à destination sans se presser. « Loncourci ? » Dans mon esprit, il peut représenter le contraire de raccourci. Je fais partie de ceux qui veulent allonger le temps, lui donner plus de souplesse, ne pas en être l’esclave, être dans la procrastination permanente, attendre le dernier moment, être à la traîne. Alors, je cherche toujours, je suis loin de le trouver, le juste milieu ou le gué de l’oued ; même si je suis convaincu que dans l’oued, il ne restera que le vide.
Par contre, il y a ceux qui sont à l’affût. De quoi ? De tout, suis-je tenté de répondre. D’un poste ministériel. D’un voyage à l’œil. D’un bon resto. D’une étreinte d’une nuit. D’un passe-droit. Enfin, on peut ajouter beaucoup d’éléments à cette liste. Ceux-là font dans le raccourci le plus totalitaire. Et vont jusqu’à se poser comme des messies. Pas très loin de la prophétie. Tiens, l’exemple de Zemmour se pose d’autorité à mes yeux. Ça ne me regarde pas, logiquement. Mais, tout de même, il s’agit de la France, ce pays miroir. Pour mettre en application ses idées, il le dit lui-même, il a pris le raccourci ambitieux de l’élection présidentielle. Attendez, il y a pire ; il crée un parti politique ; puis il a ratissé large dans la déception française. Il n’y a pas que cela. Il vient, dit-il, pour sauver la France. Il est pour le salut de son pays. Il n’arrête pas de marteler ces propos avec force et conviction. Il est convaincu que son « juste milieu » est de sauver la France qui, selon ses calculs politiciens, est en train de se dissoudre dans l’islam. C’est ce qu’il dit, l’islam. Et en tête de cette religion les Algériens !
Ça ne vous rappelle rien cette histoire de salut d’une nation ? Moi, si. Il n’y a pas très longtemps dans un pays improbable, il y eut ceux qui se sont levés pour prétendre sauver notre pays. De quoi ? De lui-même. Des laïcs. Des francophones. Des berbéristes. Du pouvoir en place. De la police. Des journalistes. Des toughats. Moi, ça me rappelle une tragédie, à l’échelle d’un pays. Puis, il y eut l’assassinat de Tahar Djaout. L’assassinat de Cheb Hasni. L’assassinat d’Alloula. Le policier en faction. Le militaire en patrouille. La moutaberidja… Je frémis à l’évocation de ces noms. Toute cette tragédie pour sauver le pays. Aussi, quand j’entends un politique, de quelque bord qu’il soit, prétendre au salut d’une nation, je mords fortement mon poignée pour ne pas blasphémer. Pour Hitler, il était question de sauver l’Allemagne ; l’Histoire s’en souvient. Zemmour, dans son délire messianique, vient sauver la France de son métissage. Allez comprendre quelque chose ! Je pense que la démocratie ne doit pas servir de tremplin pour tuer la démocratie. C’est tout !
Puis si Zemmour passe au second tour, ce qui serait un coup de tonnerre dans le ciel français, il faut que la France officielle réagisse. Je peux leur proposer la solution. Il faut annuler le second tour, mettre en place une présidence collégiale, on peut toujours dénicher un vieux résistant de 39/45, dissoudre le parti « zemmourien », créer des centres de rétention administrative en Guyane, et préparer de nouvelles élections, sans trop se précipiter, doucement le matin, pas trop vite le soir ; puis, trouver un quelqu’un (puis-je utiliser cette expression ? je fais trop de fautes de grammaire ces derniers temps, n’est-ce pas l’ami Rachid ?) qui sort d’une traversée du désert, qui fera quatre mandats de suite ; mais au cinquième, il faut « hirakiser » la France… La suite au prochain numéro ! Ouf ! Quel programme !
Je laisse la solution aux problèmes des Français aux Français eux-mêmes ; ils ont « lu », donc à même de régler ce dilemme. Juste pour dire qu’il y a Marine Le Pen à l’extrême droite et Eric (pas Mouloud, dommage, il aurait pu être un vrai Berbère algérien) Zemmour à la droite de l’extrême droite. Va dénouer ce sac à nœuds, toi ! Puis, on peut toujours me rétorquer que je me mêle de ce qui ne me regarde pas ; autrement dit, les affaires intérieures de Faffa.
J’arrête là mon insolence ; je reviens aux problèmes locaux, made in bladi. Les sources d’inquiétude ne manquent pas chez nous ; tout le monde le sait. Je ne m’inquiète même pas du diabète qui me guette à chaque bouchée de confiserie avalée de nuit, presque clandestinement. Je promets de faire gaffe ; mon toubib m’a sévèrement réprimandé. Là où je m’inquiète le plus, c’est à propos du Covid. Ce virus mute en permanence ; à chaque fois, il lui faut un nouveau vaccin ; à moins de se faire vacciner 2 fois, puis 3, puis 4 peut-être. À cette allure, il faut à chacun une perfusion quotidienne, une dans chaque bras pour casser cette pandémie. C’est une éventualité ; à la démesure où vont les choses, cette probabilité est à prendre au sérieux. Là, en ce moment, je fais dans la dérision ; mais je n’en mène pas large.
Quand je vois tous ces Algériens et Algériennes user du trottoir, matin et soir, sans bavette, je me dis que rien ne va. Et qu’on est loin de l’immunité collective. Franchement, j’ai une trouille comme pas possible de ce virus. D’autant que les Algériens, c’est un trait culturel me semble-t-il, discutent pratiquement en faisant du bouche-à-bouche. J’ai vécu cela ce matin même ; j’ai beau faire deux pas en arrière pour signifier à mon interlocuteur qu’il faut respecter une certaine distance, d’autant que son masque ne cachait que son menton mal rasé, il avançait, avançait, avançait, à me toucher par ses lèvres. J’ai reçu ma dose de postillons ; j’espère qu’il ne portait pas sur lui le gus d’Omicron.
Y. M.

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