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Rubrique Tendances

QUE DIRE ?

Il y a des jours comme ça où l’inspiration prend la clé des champs. Et s’en va chercher, elle-même, l’inspiration pour mieux se retrouver. C’est dire la difficulté du parcours dans une actualité nationale exceptionnelle. Il y a des jours comme ça où les neurones refusent de démarrer, malgré les coups de starter. Quand le dégoût atteint des hauteurs inégalées, le cerveau abdique face la dictature de la panne. Dès lors, que dire ? Ce ne sont pas les sujets qui manquent, je le reconnais. Sauf que ceux-ci ont été rabâchés, par nous tous, dans les journaux, dans les cafés, dans les rues, dans les télés, chacun selon son approche politique, qu’il y a en moi une surchauffe. Les sujets ne manquent pas, assurèment. Il suffit de tendre la main et d’en prendre des fagots. Tout est sujet à problématique en Algérie. 
Si je prends, comme exemple, sans trop réfléchir, le sujet de l’ouverture de la saison estivale. D’autant que les gouvernants actuels en font une actualité, faute de mieux, à mettre à la Une de notre télé orpheline. J’ai entendu le ministre de l’Intérieur dire qu’il faut s’occuper des enfants du Sud magique. Il y fait tellement chaud. C’est bien de prendre ce genre d’initiatives. Mieux, il déclare (je cite de mémoire) : « … S’il le faut, nous les prendrons dans nos maisons .» C’est beau un Algérien au grand cœur. Oui, c’est magnifique un Algérien qui a le cœur sur la main. Je suis admiratif. Je le suis vraiment. Sauf que j’aimerais voir notre ministre, au grand cœur, accueillir chez lui, ou à Club-des-Pins pour le moment, deux ou trois bambins du Sud. Ils seront accueillis dans une maison pieds dans l’eau. Et si tous les ministres faisaient de même, il y aurait à Moretti une véritable colonie de vacances pour nos frères du Sud. Ce sera une actualité à mettre à la Une de notre télé, qui cache le soleil avec un tamis. Pour les Algériens lambda, ce sera au cas par cas. Je vois mal un « Aadéliste » recevoir, dans un minuscule F3, des colons d’une semaine. Revenons donc à l’essentiel : ouvrez les écoles du littoral et organisez des colonies de vacances, pas seulement pour les enfants du Sud, même s’ils sont prioritaires, mais pour  tous les enfants d’Algérie. 
      Si je prends le sujet de l’envenimation scorpionique, je me dis que notre système est un mauvais élève. Le même problème s’est posé l’an dernier, celui d’avant, celui d’avant, celui d’avant… Y a-t-il eu pour cela un plan de décrété ? Je n’en ai pas connaissance. On parle déjà de mort par piqûre de scorpion. Alors, aux infos de notre télé autiste, j’ai entendu un responsable (je n’ai pas retenu son nom, ni sa fonction) conseiller aux ménages de certaines wilayas d’utiliser des gallinacées (coq, poule) et des chats. C’est radical, dit-il, d’un air sérieux ; ajoutant qu’il ne voyait pas d’autres solutions à ce problème d’envenimation scorpionique. Dans la lancée, je voudrais proposer à nos responsables, notamment le monsieur de la télé, d’importer des hérissons, des fennecs, des faisans, des pintades… dans la lutte contre les scorpions. Mais aussi des suricates, ceux-ci sont imbattables dans la lutte contre cet arachnide.  Dans une autre vie, lors de mon service militaire, quelque part aux portes de notre désert, les scorpions pullulaient. De temps à autre, un bidasse se faisait piquer. En un tour, il se retrouve à l’infirmerie. Une piquouze, une nuit d’observation, et le lendemain, il est prêt pour le bol d’air. Pourquoi est-ce aussi difficile dans le civil ? Puis, je ne comprends pas que l’on puisse mourir d’une piqûre de scorpion, de nos jours. Je le dis, chaque année. Je le redis, cette année. Faites quelque chose, messieurs les responsables !
Si je prends le sujet du Hirak qui, chaque semaine, bat le pavé, malgré la chaleur, il y a beaucoup à dire. Oui, tout est à dire. L’Algérie populaire fait son plébiscite chaque vendredi, vendredi qui s’est transformé en verbe du second groupe, en réponse aux coups de semonce du mardi officiel. Puis, c’est l’impasse ! Je défile le vendredi ; tu me répondras le mardi. Et ainsi de suite, jusqu’à la cassure ! Après les barrages filtrants aux abords de la capitale, les douches obligatoires, les arrestations, les interdictions de places symboliques, comme le parvis de la Grande-Poste, vient le tour du drapeau amazigh, qui n’a plus droit de défiler aux côtés du drapeau national. Tout emblème autre que celui du pays n’est pas toléré dans tout défilé ! Comme si cette interdiction, c’en est une, allait régler l’avenir de l’Algérie. On n’en est pas là, malheureusement. Si cela pouvait être une solution, on y réfléchirait ! Pour le moment, ce n’est pas le cas. A la tension populaire, on rajoute une tension supplémentaire. On rajoute de l’huile sur le feu. Il faut le dire, sans passion. Le problème n’est pas le drapeau amazigh qui, malgré cette interdiction, l’Algérie officielle le sait, sera arboré chaque vendredi. Le problème est cet entêtement à ne pas écouter la voix du peuple, en faisant de la Constitution LA panacée. De grâce, laissez flotter ce drapeau amazigh ! C’est un élément d’appartenance identitaire !
Si je prends le sujet des feux tricolores, il y a logiquement rien à dire. Sauf que dans ma ville natale, Tizi Ouzou, les feux dits rouges ne servent  à rien. Je vais essayer de vous expliquer. Après des années d’inutilisation, les autorités locales ont pris la décision de les faire marcher. Ce qui s’est fait ! Sauf que personne ne respecte ces feux. Ni les automobilistes. Ni les piétons. Le rouge s’allume, les voitures passent allégrement. Au vert, les piétons slaloment entre les voitures. Il y a bien des automobilistes qui tentent de s’arrêter, mais ils sont rappelés à l’ordre par des klaxons rageurs. Il faut bien trouver une solution, un jour. Soit on applique la réglementation. Soit on remet ces feux tricolores en veilleuse. Jusqu’au jour où tout ira bien dans notre pays. 
Voilà, j’ai bousculé mes neurones, à tel point que je suis sûr de blanchir ma nuit. Il y a tellement de sujets, je vous l’accorde. Sauf que, des fois, le dégoût est tellement profond que la main, soudain ankylosée, a peur du clavier. Sans compter la terreur de la page blanche ! Je ne suis pas le seul à affronter, de temps à autre, ce vide insondable. Malgré cet état de léthargie, j’ai dit ce qui alourdissait ma tête, elle qui n’arrive pas à se débarrasser de céphalées récidives. 
Y. M.

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