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Rubrique Tendances

Trop de questions(3)

Il est question d’un concert. Soolking fait du rap. La musique des jeunes, dit-on. J’avoue aimer, aussi, ce genre. C’est une musique de la rébellion, sortie des cités. Un peu comme le raï. C’est une musique de la douleur, sortie des tripes de jeunes dégoûtés par leur mal-vie. Un peu comme le blues (toutes proportions par ailleurs gardées ; ceci pour ne pas chiffonner les puristes). Ce concert a drainé du monde. Beaucoup de monde. L’Algérien a soif de défoulement ; il veut bouger comme les jeunes du monde entier ; il veut exulter ; il veut respirer ; il veut rêver avec son chanteur ; il veut danser. Il y avait du monde, dis-je. Beaucoup de monde. Il fallait s’y attendre. La danse a été macabre, rien de moins. Une bousculade donne cinq morts. Et des blessés par dizaines. Le rêve a été mortel. Et la mort a fauché des gamins. Comment se fait-il ? Qui en est responsable ? Le choix du stade ? La mauvaise organisation ? Le mauvais organisateur ? Le mauvais moment ? Toutes ces raisons ont concouru au drame. Sauf que, derrière ces raisons, il y a des décideurs qui n’ont pas su prendre la bonne décision. L’Onda a-t-il le pouvoir d’organiser ce genre de manifestations ? Je ne le pense pas. Cet office ne devait s’occuper que des droits d’auteur. Puis, basta ! Le drame survenu, pourquoi avoir laissé le concert se faire ? Il y a eu mort d’homme. Il fallait arrêter la mascarade. Il fallait annuler ce tour de chant. Soolking ou pas Soolking, il fallait revoir la décision. Les jeunes auraient compris l’enjeu. Ils n’auraient pas aimé chanter sur le dos des morts du 20-Août. C’est ce qui me fait le plus mal. Je ne comprends pas. Par respect à ces morts, on aurait dû annuler ce concert. Et les responsables sont doublement responsables de cet état de fait. Les mauvaises consciences diront : « Allah ghaleb, mektoub ! » Je leur réponds : « Ça n’aurait dû jamais arriver ! »
Il est question d’une démission. La ministre de la Culture aurait démissionné. Alors que le DG de l’ONDA a été relevé de ses fonctions. Y a-t-il une différence ? Dans le cas d’espèce, je n’en vois pas. Pour moi, c’est du même au pareil. Les deux n’ont pas été à la hauteur de l’événement, il fallait s’y attendre au limogeage et à la démission. N’est pas DG qui veut ; n’est pas ministre qui veut ! A un moment donné, il faut savoir se retirer. Il est vrai que la démission n’est pas dans notre culture. Celle de la ministre de la Culture n’en est pas une, à mon sens. On a dû la pousser gentiment vers la sortie. C’est la moindre des choses, me diriez-vous. Voilà, c’est fait ! L’ex-ministre n’aurait dû jamais accepter ce poste ; ce n’était pas le moment idoine. Puis, c’est tout ce gouvernement qui doit démissionner. On le lui signifie chaque vendredi. Et chaque mardi. Il a été nommé par un Président qui, lui-même, a démissionné. Il faut savoir se faire une raison. Et plus on avance dans le temps, plus ça va être compliqué pour ce gouvernement. Il y a le Hirak, qu’on devrait appeler « révolution ». Il ne s’agit pas d’un simple mouvement. C’est plus profond que cela. Alors que la ministre de la Culture démissionne, je qualifie ça comme un non-événement. Autant dire que ça ne fait ni chaud ni froid. La seule vraie démission que je connaisse, c’est celle de Leïla Aslaoui. Qu’on se le rappelle !
Il est question de rentrée sociale. Je ne cesserais pas de dire qu’il ne peut y avoir de rentrée sociale sans « sortie » sociale. Qui est sorti pour devoir rentrer ? Les étudiants (pour certains) n’ont pas encore passé leurs modules. Et on vient me parler de rentrée sociale. On dit que la rentrée sociale va être chahutée, heurtée, désordonnée et en équilibre instable. C’est comme ça depuis des lustres ! A chaque rentrée (en fait, il s’agit juste d’un temps calendaire), on nous rabâche la même chose. C’est une rengaine éculée ! Les routes barrées, ça ne date pas d’aujourd’hui. Les protestations contre les listes des bénéficiaires de logements, ça ne date pas d’aujourd’hui. Les grèves estudiantines, ça ne date pas d’aujourd’hui. Les mairies occupées, ça ne date pas d’aujourd’hui. Zaâma, on a une rentrée sociale ki lejnass. Il y a maldonne, kho ! C’est la continuité dans la non-gestion, c’est tout. Il est vrai que le Hirak connaîtra un regain de tension ; les vacanciers seront de retour, notamment les étudiants et autres lycéens. Le risque est là. Et le gouvernement doit en tenir compte. Ajoutez à cela, notre tirelire qui se « rikikise» ! Le pétrole est au plus bas. Les prix flambent, pour tout. Tous ces ingrédients ne contribuent pas à proposer un plan de sortie de la crise. Et si la Constituante était la solution !
Il est question d’immolation. Encore un Algérien qui s’immole du côté de Bouguirat. Agé de 27 ans, cet Algéro-désespéré n’a pas supporté la précarité sociale qu’il subissait (Liberté du 26 août). Il n’est pas le premier. Il ne sera pas le dernier. C’est dire que le désespoir est tel qu’un citoyen ne trouve pas d’autres solutions que d’attenter à sa vie. Comme si devant ce jeune Algérien, il n’y a eu que des murs qui ont été érigés face à sa vie. On va le pleurer ce malheureux ; puis, plus rien. On attendra un autre geste de désespoir. Pour qu’on s’émeuve. Qu’on prenne la plume, qu’on dise notre compassion. Il faut agir en amont. Il faut être dans l’action. Dans la prévention. Il ne faut pas être en réaction. Le jour où l’Algérie arrivera à anticiper ces gestes de désespoir, ce jour-là, on aura réussi. Autrement, le désespoir – nous le savons tous – mène à tous les suicides. Pourvu que la douleur s’arrête !
Il est question de péage. Oh la bonne nouvelle, les automobilistes paieront bientôt le droit de circuler en autoroute. Quelle autoroute ? La nôtre, pardi. Il n’y en a qu’une seule. Je vous le donne en mille : l’autoroute Est-Ouest, la bien nommée ! Oui, c’est celle-là même. On va renflouer les caisses, hourra ! Au fait, la vignette auto sert à financer quel type d’opération ? Il y a bien des sous qui rentrent. Il était question, à l’époque, d’utiliser cet argent pour le bien-être des automobilistes. Et des automobiles, aussi. Quand je vois l’état de nos routes, on est mal barré. Néanmoins, on la paie chaque année cette sacrée vignette. En plus de cette dernière, il faudra « kouhi » pour l’autoroute. Attention, notre Premier ministre a donné des instructions fermes : terminez l’autoroute et offrez une prestation de qualité sur cette autoroute. La bonne blague que voilà ! J’entends ça depuis au moins une trentaine d’années. Nous paierons tout de même. Nous n’aurons pas le choix. A moins de se taper les anciennes routes, celles du temps de la France. Comme nous paierons les fameuses vignettes. Et autres factures, s’il le faut. Jusqu’au jour où on pourra contester légalement ces dépenses. Demain, peut-être !
Y. M.
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