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Rubrique Tendances

UN CONTE POUR UN DÉCOMPTE

Il était une fois Yennayer qui, de fête païenne, ostracisée, objet de déni, déclarée à ce jour haram par les gardiens du temple, par je ne sais quel miracle est pris en charge par l’Algérie officielle. Si je parle de miracle, il s’agit en fait d’un miracle électoraliste. De tabou qu’il était, ce Nouvel An redevient par la grâce d’une décision politicienne un passage de l’année acceptable, fréquentable, festif, officiel, férié, chômé, représenté aux plus hauts échelons de la hiérarchie. Comme dans un conte, celui de grand-mère, l’inacceptable redevient acceptable. Comme ça. Presque comme ça. Aussi, Yennayer – reconnu officiellement dans sa patrie, fête de l’Ancêtre, classification calendaire – fait partie désormais des fêtes nationales. C’est dire qu’il suffit de peu. De très peu pour que ce pouvoir reconnaisse ses erreurs, ses torts et ses méfaits. Bien qu’il faille faire attention à ces revirements. Il s’agit bien d’un revirement, non ? Rappelez-vous, le «jamais, jamais» présidentiel s’est métamorphosé, presque comme ça, en reconnaissance sur le bout des lèvres, un bout de strapontin, de tamazight comme matière à enseigner, d’une manière facultative. Le pouvoir met de l’eau dans son thé, c’est bien. Personnellement, je me méfie. Car si Yennayer est fête nationale, comme le premier janvier et awel moharrem, il demeure à mes yeux un faire-valoir pour la pérennité du système actuel. Le pouvoir, partout, a célébré cet événement avec des moyens incroyables. Des fanfares. Des foires commerciales. Des drapeaux, en veux-tu en voilà. Tous les officiels étaient en tête de cortège. Mais pourquoi avoir attendu autant ? Pourquoi ? Pourquoi cette perte de temps ? Pourquoi le Printemps noir ? Pourquoi le boycott scolaire ? Pourquoi, pourquoi ? Le décompte, on le verra à la fin. 
Il était une fois des vœux de bonne année. Yennayer amerbuh. C’est de coutume, c’est comme ça. Sur mon téléphone, j’ai reçu un texto officiel. Officiel par la voix d’Oredoo. Ce dernier n’a été que l’instrument technique. En fait, le HCA (vous vous rappelez du HCA ?) en est l’initiateur. C’est un texto public, envoyé à tout le monde. Fichtre, j’en ai fait partie. Ce n’est pas un texto personnalisé, loin s’en faut. Le contraire m’aurait étonné, outre mesure. C’est presque comme ça. Je fais partie de la masse. Je disais donc que le HCA en est l’initiateur, rbeh a tafat ! Sauf que le texto a été rédigé en langue arabe. J’ai été stupéfait. J’aurais eu la même réaction si cela a été fait en langue française. En chinois. En allemand. En swahili. En ourdi. Comme si tamazight est restée collé à son oralité. Comme si tamazight n’avait pas de support d’écriture. «Oracriture», quand tu nous tiens ! Le HCA, qui est une institution officielle, je suis bien placé pour le savoir, j’y étais dans une autre vie, aurait dû utiliser les trois graphies en cours. Puisque la polygraphie est une constante de cette institution, désormais. Le décompte, on le verra à la fin.
 Il était une fois une Académie berbère (pas celle de Paris). Il s’agit d’une académie de chez nous. Made in bladi ! Encore une fois, le pouvoir a mis trop de temps à la mettre en place. Trop de temps perdu. Le Printemps amazigh est passé par là. Des exils ont été fourbis. Des emprisonnements ont été fourbis. Le Printemps noir est passé par là. Du sang a coulé. Mais voilà que le pouvoir autorise une académie amazighe. Voilà, voilà ! Personnellement, je considère que Mouloud Mammeri est à lui seul une académie. Je ne veux pas cracher dans la soupe. L’académie est là. Elle est là. Désolé, si je vois le verre à moitié vide. J’ai mes raisons. Je les ai déjà données. Je les redonne encore une fois. Que va faire l’académie ? Mettre de l’ordre dans le désordre des «variantes» ? Redresser la langue ? Ou les langues ? Donner une norme à la langue ? Un dictionnaire digne de ce nom ? J’essaie de rester positif. Mais je sens une migraine farfouiller mon cerveau. Une tempête s’y prépare. Puis la composante ! Je l’ai déjà dit. La science, à elle seule, ne suffit pas dans ce cas précis. La science et la militance doivent aller de pair dans ce cas d’espèce. Tamazight a justement subi, des années durant, l’ostracisme d’une politique inique, de déni et d’injustice. Il est fondamental que la politique soit un élément dans le débat. Il n’y a pas de politiques dans la composante. J’y ai des amis. Je vais rester positif. J’attends de voir le programme de l’académie. Ses ambitions. Ses mesures d’urgence. J’attends surtout de voir les réactions du pouvoir. Car j’ai peur de voir ce bel oiseau se faire couper les ailes par ce même pouvoir. Pour l’empêcher de voler haut. Comme ce fut le cas pour le HCA. Le décompte, on le verra après.
 Il était une fois l’amazighisation de l’environnement. Le ministre de l’Intérieur a tenu sa promesse. Les frontons des wilayas se sont amazighisés. C’est bien ! Sauf que seul le tifinagh a été utilisé. Comme élément décoratif. Pas comme élément d’information. De communication. C’est presque comme ça ! Ya lkhawa, l’académie n’a pas encore tranché. Pourquoi mettre les bœufs avant la charrue ? Pourquoi aller vite en besogne ? Laissons le temps à nos académiciens de se retourner. De se remettre de l’émotion de leur nomination. D’établir leur programme. De consulter. Puis, officiellement, trois caractères sont utilisés au sein de l’école. Il aurait fallu, pour être conséquent avec soi-même, utiliser la polygraphie. Je veux, à tout prix, rester positif. Même si je ne donne aucun chèque en blanc. A personne. Je vois toujours le verre à moitié vide. On met déjà la pression sur nos académiciens. Si le pouvoir utilise officiellement le tifinagh, c’est pour quelle raison ? Je veux bien le savoir. Pourquoi choisir ce caractère. Et pas un autre. Alors que le HCA, à l’époque, avait recommandé un autre caractère, le latin, en l’occurrence. On n’est pas encore sorti de… l’académie ! Le décompte, on le verra à la fin. 
 Il était une fois Massinissa. Les Algériens savent qui c’est Massinissa. Presque tous. Il était une fois une statue. Une statue de Massinissa. Comme celle de l’Emir. Qui trône à la place de l’Emir. Oui, l’émir Abdelkader. Donc une statue de Massinissa. Qui devait être érigée à Tafourah. Il me semble que c’est ça. Annoncée en grande pompe, la statue est toujours au stade de statue. Massinissa n’a pas besoin de statue. Il est l’histoire. Je l’ai déjà dit, me semble-t-il. Bref, Massinissa va être délocalisé. Oui, du côté de Bab Ezzouar. «La porte des visiteurs» ! Pour être vu par le plus grand nombre. Mais pourquoi donc le délocaliser ? Pourquoi Bab Ezzouar ? Pourquoi pas El-Mouradia ? El-Biar ? Bir-Mourad-Raïs, tiens ? Et pourquoi pas à Cirta ? El- Khroub ? Massinissa est chez lui, partout en Algérie. Encore une fois, je vois le verre à demi vide. Aussi cette délocalisation me paraît douteuse. C’est dit. Voilà, voilà ! Le décompte, on le verra à la fin.
 Il était une fois… Vous aurez deviné que j’ai tenu le coup. J’ai réussi à ne pas parler ni du cinquième mandat ni de la continuité de la continuité. La prochaine fois, je vais certainement convoquer les démons de mon errance. Et comme le dit l’adage : «Aneggaru ad d-yerr tawwurt .» 
Y. M.

 

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