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Rubrique Tendances

Un seul héros le peuple

Si ça ne tenait qu’à moi, j’écrirais sur toute l’étendue de cet espace de parole un seul mot : ouf ! Ouf parce qu’on voit un tant soit peu l’avenir, puisque maintenant la voix du peuple a été entendue au plus haut sommet. Ouf parce que, pour une fois, la lettre du Président est en elle-même une proposition de sortie de crise adressée à l’Algérie populaire. L’Algérie officielle retrouve graduellement l’ouïe, la raison et l’entendement. Le séjour suisse a été bénéfique, en quelque sorte. J’irai volontiers faire un tour du côté du lac, moi aussi. Ouf parce que, désormais, le règne du coup de poing sur la table est révolu. Ouf parce que certaines têtes, honnies par l’Algérie populaire, de l’Algérie officielle retrouveront les ténèbres desquelles elles n’auraient jamais dû apparaître. Ouf, surtout, parce que l’Algérie populaire, plus politisée que l’ensemble de la classe politique, a démontré si besoin est de sa maturité, de son exemplarité et de sa sagesse. 
J’ai bien lu la lettre du Président. Pour une fois, je l’ai bien comprise. Il y a bien un programme de travail qui va de la conférence nationale inclusive, véritable gouvernement en chef, à même de fixer la date de la prochaine élection présidentielle, de la rédaction d’une Constitution à soumettre au référendum populaire, de la mise en place d’une commission de surveillance des élections qui, cette fois, devrait être indépendante. La conférence sera chapeautée par un collège de personnalités nationales, dont le président serait un « historique ». Ça rappelle, quelque part, le fameux Haut Comité de l’Etat, sauf que, là, le Président Bouteflika sera toujours Président ; il aura donc son rabiot d’une année ; le cinquième du cinquième mandat est toujours d’actualité. Une foultitude de questions me monte à la tête. Qui désignera les participants à la conférence nationale ? Qui désignera le collège et son président ? Quelle est cette personnalité consensuelle ? Quel sera le rôle du gouvernement remanié durant cette période ? Va-t-il seulement gérer les affaires courantes ? La lettre du Président ne répond à aucune de ces questions. Puis quel serait le rôle du peuple qui, depuis quelques semaines, a consacré sa décision dans la rue ? 
Ouyahia a démissionné, zaâma. Il faut le dire vite. Fervent défenseur du cinquième mandat, rejeté par l’Algérie populaire, lui qui est parti pour revenir à plusieurs reprises, une traversée du désert l’attend pour de longues années. A moins qu’il ne soit recyclé quelque part. Une ambassade, peut-être ? Un siège au Sénat, certainement ? Il lui reste, c’est vrai, le poste de patron du RND. Il peut même postuler aux prochaines joutes électorales, si bien sûr, il n’est pas éjecté de son fauteuil partisan. Il peut écrire ses mémoires ; il a des choses à dire, oh bien des choses ! A moins qu’il ne trouve un job de fonctionnaire international ; ça se peut. Toutefois, il aura à dévider l’écheveau de ses différents passages aux différents postes occupés ; ça lui prendra un certain nombre d’années. La cervelle va travailler sec ; quant à la conscience, elle aura son mot à dire. Ouyahia a été un commis de l’Etat comme on n’en fait plus ; sa fidélité au Président a été sans faille ; comme serviteur du système, il a eu du taf. 
Depuis son passage à Tizi-Ouzou, en qualité de DAL, Bedoui a fait un sacré bout de chemin dans la haute fonction publique. Il est désormais Premier ministre, à un moment charnière de l’Algérie ; puis, on lui adjoint un brillant ministre, Lamamra qui revient aux affaires étrangères, remplaçant Messahel qui, si mes comptes sont bons, est le doyen des ministres de notre pays. Bedoui a, pour lui, le bénéfice de la jeunesse ; il ne fait pas partie des dinosaures algériens qu’il faudra désormais mettre à la retraite. Il va lui falloir composer un gouvernement ; fera-t-il le choix de la jeunesse ? A-t-il les mains libres dans ses choix ? Fera-t-il un choix exclusivement partisan, car le FLN est toujours majoritaire dans les deux Chambres ? La société civile fera-t-elle enfin son entrée dans les hautes sphères de la décision étatique ? 
En définitive, la dernière lettre du Président pose autant de questions qu’elle n’en règle. Car elle donne l’impression que rien n’est changé dans la maison Algérie. Le Président reste Président ; il ne s’en ira que le jour où il remettra les clés d’El-Mouradia au futur successeur. Le gouvernement ne changera que par ceux et celles qui viendront occuper un bureau à Alger-Centre. Personnellement, j’aurais aimé voir tout  ce gouvernement rendre le tablier ; et qu’un gouvernement neutre puisse appliquer les appels de l’Algérie populaire. Le FLN est toujours aux commandes, aujourd’hui comme demain. Je vois mal le nouveau Premier ministre ne pas puiser au sein des deux partis majoritaires. Les walis sont également partisans. Bedoui, en sa qualité de Premier ministre désormais, n’est pas neutre ; il fait partie d’un système ; ce système honni par l’Algérie populaire. Et ce n’est pas être discourtois que de dire cette vérité. 
Je le dis, en toute naïveté peut-être, qu’il n’y a qu’un seul héros, c’est le peuple. L’Algérie populaire a disqualifié ce système, comme elle a disqualifié les partis politiques qui, malheureusement, n’ont pas su être au diapason de la colère ambiante. Personnellement, je préfère ma naïveté à tous ces calculs d’appareils partisans qui, souvent, n’ont de militants que les chefs. Ces partis d’opposition n’ont pas pu infléchir la décision du cinquième mandat, si ce n’est que le peuple qui, dans une partition parfaite, a imposé ses choix. Maintenant, il ne faut pas que le système, qui n’est pas mort, vole à l’Algérie populaire sa victoire. Bouteflika aurait dû, tant qu’il a encore le pouvoir, mettre hors jeu tout ce qui rappelle, de près ou de loin, le système qui, depuis 1962, a mis l’Algérie à genoux. 
Demain est un autre jour. J’irai siroter un thé dans mon café préféré. Je prendrai le pouls de l’Algérie populaire qui, je suis sûr, a bien lu la missive du Raïs. Je voudrais savoir ce qu’en pensent ceux qui ne se soûlent pas des vapeurs stratosphériques de la « boulitique ». Oh je suis sûr qu’il va y avoir des retournements de vestes à une allure vertigineuse ; sauf que le peuple, ce héros, a bonne mémoire. Je les entends déjà ces vestes faire un bruit regrettable de félonie. Et j’entends le peuple grincer des dents. 
Y. M.

 

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